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fusil ; les pintades et les pigeons que je rapportais étaient les bienvenus.


Mon habitation à Totéla.

Parmi les choses qui m’aidaient à passer le temps, je dois mentionner la composition d’un vocabulaire kiroua, et l’étude des mœurs et des usages du pays, usages qui, à l’égard des funérailles du chef, sont d’une sauvagerie probablement sans pareille. Une rivière est d’abord détournée de son cours ; dans le lit desséché, on creuse une énorme fosse que l’on tapisse de femmes vivantes. À l’une des extrémités de la tombe, une femme est posée sur ses mains et sur ses genoux ; elle sert de siège au royal défunt, qu’on a paré de tous ses ornements ; l’une des veuves soutient le cadavre ; une autre, la seconde épouse, est assise aux pieds du mort ; puis le trou est comblé. Toutes ces femmes sont enterrées vives, excepté la seconde épouse que l’on tue avant de remplir la fosse ; c’est un privilège que la coutume lui accorde.

Des esclaves mâles, plus ou moins nombreux — quarante ou cinquante, — sont ensuite égorgés sur la tombe, qu’on arrose de leur sang, et la rivière reprend son cours. J’ai maintes fois entendu dire que plus de cent femmes furent enterrées vives avec le père de Kassonngo ; espérons que ce chiffre est exagéré.