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nant ; car, suivant la coutume, il avait couché toute la semaine avec la défunte. Je lui exprimai l’espoir que rien ne s’opposait plus à notre départ ; il me répondit qu’Alvez avait promis de lui bâtir une maison ; que je devais suivre cet exemple et lui en faire une aussi.

Alvez nia formellement avoir rien promis de semblable ; mais peu de jours après, j’acquis la certitude que c’était lui qui avait proposé de faire l’édifice. Je lui reprochai son manque de foi ; il s’excusa : « Cette maison ne demanderait pas plus de quatre ou cinq jours ; Coïmbra était déjà parti avec une quantité d’hommes pour la construire. » Coïmbra fut bientôt de retour ; il avait été en expédition avec des gens de Kassonngo et ne savait rien de la bâtisse.

J’appris alors que nous devions nous rendre à Totéla, où se construisait la maison ; c’était à deux ou trois jours de marche, précisément sur la route de la côte, et la caravane tout entière venait avec nous.

La maison était loin d’être commencée ; on ne savait pas même où elle devait être. Il fallait d’abord que l’emplacement fût connu ; et, pour cela, que Kassonngo fût prêt à aller le choisir. Resterait ensuite à défricher le terrain, à abattre et à préparer le bois nécessaire.

Les jours s’écoulaient sans amener autre chose que des excuses puériles. Les fétiches, la veuve de Bammbarré, la femme de Koungoué a Bannza furent consultés et donnèrent des réponses non moins ambiguës que celles de l’oracle de Delphes.

En somme, Kassonngo ne se décida à partir que lorsque j’eus promis de lui donner le fusil qu’il convoitait, et qu’il ne devait recevoir que quand nous serions en route.

Mettre Alvez en mouvement ne fut pas moins difficile ; Kassonngo nous avait quittés le 20 ; nous le laissions nous attendre.

Enfin nous partîmes le 25 ; mais ce ne fut qu’après six jours de marche et trois jours de halte que nous atteignîmes Totéla, où nous trouvâmes Kassonngo, mais pas l’ombre d’un commencement de bâtisse.

J’arrivais exaspéré du traitement que, pendant toute la course, j’avais vu infliger aux malheureux esclaves. Les pires des Arabes, je n’hésite pas à l’affirmer, sont à cet égard des anges de douceur en comparaison des Portugais et de leurs agents. Si je ne l’avais pas vu, je ne pourrais jamais croire qu’il pût