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affirmé que dans l’Ouvinnza, à l’est du Tanganyika, se trouvait une grande citerne couverte d’arches sculptées, d’une forme parfaite. Cette construction est attribuée par les indigènes à une ancienne race de Vouasoungou (homme de race blanche). Pour les Arabes, c’est l’œuvre de Suliman Ibn Daoud[1], qui l’a faite avec l’aide des génies.

Il va sans dire que je ne réponds pas de la vérité absolue de ces histoires, et que je les rapporte comme elles m’ont été contées.

Quant aux détails suivants, relatifs aux demeures souterraines de Mkanna, ils m’ont été donnés par Djoumah Méricani. Ces demeures ont leur entrée près du Loufira, et s’étendent sous la rivière. Djoumah n’y a pas pénétré de peur de rencontrer le diable, qui passe pour hanter ces cavernes ; mais un Arabe avec lequel il voyageait avait été plus hardi, et lui avait raconté immédiatement ce qu’il avait vu.

D’après le rapport de cet Arabe, les souterrains de Mkanna ont la voûte élevée et ne sont pas humides ; pourtant des ruisseaux les traversent ; quelques-unes de ces caves se trouvent sous la rivière, à un endroit où celle-ci ferme une cataracte.

Les habitants de ces cavernes y ont bâti des huttes et y entretiennent des chèvres et autres animaux domestiques. De nombreuses ouvertures donnent issue à la fumée ; plusieurs passages relient entre eux les divers souterrains, qu’ils font en outre communiquer avec l’extérieur. En cas d’attaque, les assiégés sortent par différentes portes connues d’eux seuls, et prenant l’ennemi à revers, le placent entre deux feux.

Il y a aussi des demeures souterraines à Mkouammba, également près du Loufira ; mais les plus importantes sont celles de Mkanna, dont l’intérieur offre des voûtes et des colonnades d’une grande beauté.

Pendant une de ses croisières sur le Tanganyika, Djoumah avait passé devant une île rocheuse appelée Ngomandza. Cet îlot, situé au nord des îles de Kassenghé, et d’une hauteur considérable, n’est séparé du rivage que par un canal très-étroit dans lequel débouche une rivière appelée du même nom. Il suffirait, m’a-t-on dit, de boire de l’eau de ce canal pendant huit ou dix jours pour être affecté de la lèpre.

Ce qu’il y a de certain, c’est que les habitants de Ngomandza

  1. Salomon fils de David.