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que tout le monde dormait, avaient quitté l’île flottante où demeuraient Déiyaï et son hôte, avaient abordé sans encombre, et gagné Kohouédi par des chemins détournés.

Ils n’avaient pu voir Kikondja qu’un instant, au moment de leur arrivée ; depuis lors, le chef n’ayant pas cessé d’être ivre, n’était pas sorti de sa case.

Déiyaï, avec lequel ils avaient eu plus de relations, était, disaient-ils, un homme de grande taille, de belle figure, élégamment vêtu d’étoffe de couleur, paré de verroterie, et qui semblait avoir une grande autorité sur les gens de Kikondja.

Les îles flottantes qu’habitent les gens du Kassali ont pour base de grandes pièces de la végétation du lac, pièces détachées de la masse qui borde le rivage. Sur ce radeau végétal, on a établi un parquet formé de troncs d’arbres et de broussailles ; le parquet a été revêtu d’une couche de terre, et l’îlot s’est trouvé constitué. Les gens y ont planté des bananiers, puis bâti des cases dont ils ont fait leur demeure permanente. Il y a chez eux des poules et des chèvres.

Habituellement, les îles sont amarrées à des pieux enfoncés dans le lac ; quand les habitants veulent changer de situation, les pieux sont arrachés, et l’îlot est halé au moyen de ses amarres, qu’on va attacher à d’autres pieux.

Entre le rivage et les îlots voisins de ses bords, le tapis végétal est entrecoupé de petits canaux qui le rendent infranchissable aux piétons, et ne permettent d’atteindre les bourgades des insulaires qu’avec des pirogues.

Les plantations — champs de grain et autres — sont nécessairement sur la terre ferme ; tandis que les femmes les cultivent, les hommes restent de planton, afin de signaler l’approche de l’ennemi et de courir à la défense des travailleuses en cas d’attaque.

Pendant mes jours d’attente, la dysenterie me fit cruellement souffrir ; mais je la traitai avec succès ; et malgré une ou deux rechutes causées par la manie qu’avait Sammbo de cuisiner à l’huile de ricin, j’étais guéri lorsque mes hommes revinrent.

Les guides que j’avais demandés à Kassonngo n’arrivaient pas ; et rien ne faisant prévoir qu’ils dussent m’être accordés, je résolus de retourner chez Méricani.

Je partis le 11 décembre. À Kibéiyaéli, nous trouvâmes des