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Chez lui, Kassonngo n’a pas d’autres meubles de chambre à coucher que les femmes de son harem. Quelques-unes, posées sur les mains et sur les genoux, forment à la fois la couchette et le sommier ; quelques autres mises à plat, sur l’aire battue, forment le tapis.

Ainsi que doit le faire présumer la conduite du maître, les mœurs des sujets sont extrêmement relâchées. Dans l’Ouroua, l’épouse infidèle n’est pas mal vue ; tout ce qui peut lui arriver de plus grave est une correction du mari, et celui-ci n’y apporte jamais beaucoup de violence, de peur d’endommager quelque pièce importante du ménage.

Tous les hommes du pays font leur feu et leur cuisine eux-mêmes. Kassonngo est le seul qui échappe à cette règle ; et s’il arrive que son cuisinier s’absente, c’est lui qui prépare son dîner.

Il est également d’usage de prendre ses repas tout seul : aucun Mroua ne permet qu’on le regarde manger ou boire. J’ai vu fréquemment les indigènes à qui on offrait de la bière, demander qu’on déployât devant eux un morceau d’étoffe qui les cachât pendant qu’ils boiraient. Ils tiennent doublement, en pareil cas, à n’être pas vus des femmes.

Leur religion est un mélange de fétichisme et d’idolâtrie. Dans tous les villages, il y a des petites cases abritant des idoles qui ont devant elles des offrandes de grain, de viande et de pommbé. Presque tous les hommes portent des figurines suspendues au bras ou au cou, figurines qui sont des talismans ; et de nombreux magiciens colportent des idoles qu’ils prétendent consulter au profit de leur clientèle. Quelques-uns de ces féticheurs sont d’habiles ventriloques ; ceux-là font d’excellentes affaires.

Colportées ou non, toutes ces images sont vénérées ; mais l’objet le plus élevé du culte, le grand fétiche est Koungoué a Bandza, une idole qui représente le fondateur de la dynastie actuelle et qui passe pour être toute-puissante.

Ce Koungoué a Bandza est gardé au fond d’une hutte, située dans une clairière que l’on a faite au centre d’une jungle épaisse. Il a toujours pour épouse une sœur du chef régnant, épouse qui porte le titre de Moualé a Pannga.

Autour de la jungle, habitent des prêtres nombreux qui protègent le bois sacré contre l’intrusion des profanes, et qui reçoi-