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et des lieutenants de Bammbaré, qui, ayant disputé le pouvoir à Kassonngo, avaient été vaincus et mis à mort.

Quand nous arrivâmes, Kassonngo n’était pas de retour ; personne ne savait même au juste où il pouvait être. Ce fut donc de nouveau à Foumé a Kenna que je demandai un guide pour aller au Kassali, puis au Kohouammba, premier anneau d’une chaîne de petits lacs que traverse le Kamoronndo ou véritable Loualaba ; la rivière que Livingstone appelle ainsi, d’après les Arabes qui appliquent le même nom aux deux branches, est le Louhoua des indigènes.

Mais avant d’aller plus loin, donnons quelques détails sur la contrée où nous étions alors, et sur ses habitants.

L’Ouroua[1] proprement dit commence immédiatement au sud du camp de Tipo-Tipo, et s’étend jusqu’au neuvième degré de latitude méridionale. Il est borné à l’ouest par le Lomâmi, à l’est par les tribus riveraines du Tanganyika. Au centre du pays se trouve le territoire de Cazemmbé, qui relève du Mata Yafa, chef de l’Oulonnda.

Kassongo, chef suprême de l’Ouroua, est en outre souverain de plusieurs peuplades des bords du Tanganyika ; les Vouagouhha sont, de ce côté, les plus septentrionaux de ses sujets. Il a pour tributaires Miriro et Msama, chefs de l’Itahoua, ainsi que Roussoûna et le Kassonngo, dont il a été question dans les pages précédentes.

L’Oussoumbé, situé à l’ouest du Lomâmi, reconnaît également la suzeraineté du chef de l’Ouroua, bien que d’autre part il paye tribut au Mata Yafa ; car, étant sur la frontière de l’Oulonnda, il serait exposé au pillage, s’il fermait l’oreille aux demandes de son puissant voisin.

Le vaste territoire soumis à Kassonngo est divisé en un grand nombre de districts, gouvernés chacun par un kilolo ou capi-

  1. Roua de Livingstone, de Stanley et probablement des indigènes ; le préfixe ou, qui veut dire : contrée, pays de, est emprunté au Kisouahili, dont les caravanes font usage, et qui s’est promptement répandu sur toute la ligne qu’elles suivent. Renseignés par les traitants qu’il rencontra dans l’Oudjidji, Speke a également écrit Ouroua. C’est sous la même influence, qu’après avoir fait observer qu’à partir du Tanganyika méridional, le préfixe Voua, marque du pluriel des noms de peuples dans la langue du Sahouahil, se changeait en Ba, et nous avons donné pour exemple Bafipa, gens du Fipa, Cameron continue à dire avec les hommes des caravanes, Vouaroua, Vouaghénya, Voualônnda, tandis que Livingstone, d’après les indigènes, écrivait Baroua, Baghénnya, Balonnda, et pour le pays de ces derniers employait simplement Lonnda, au lieu d’Oulonnda. (Note du traducteur.)