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chef sur lequel on a rapporté des choses étranges ; mais il me fut dit que la saison pluvieuse étant commencée, les chemins seraient impraticables, et que si j’atteignais la ville, je n’en sortirais probablement pas : le dernier blanc qui s’y était rendu avait été fait prisonnier par le Mata Yafa, pour qu’il apprit aux sujets de celui-ci à faire la guerre à l’européenne ; le malheureux était mort après quatre ans de captivité.

Ne pouvait-on pas gagner le lac par une voie plus directe ? Des gens d’Alvez et de Méricani étaient allés à peu de distance de ses bords — quelques jours de marche — pour chercher de l’ivoire qu’ils n’avaient pas trouvé.

Il me fut répondu que le voyage n’était possible que dans la saison sèche, la route traversant de vastes plaines qui étaient entrecoupées de rivières, et que les débordements convertissaient en marais.

Je n’avais plus qu’à souscrire à la proposition d’Alvez. D’après lui, mon escorte n’était pas assez nombreuse pour que je pusse franchir, sans péril, la distance qui me séparait de la côte, et il offrait de me conduire soit à Benguéla, soit à Loanda. J’acceptai, ne voyant pas d’autre parti à prendre ; et il fut convenu qu’en arrivant je ferais à Alvez un cadeau proportionné à l’étendue de ses services.

Comme il était probable, d’après ce qu’il disait lui-même, qu’il ne partirait pas avant un mois, je résolus d’explorer telle partie du voisinage qui pouvait être visitée pendant ce laps de temps, et de commencer par le Mohrya, dont les bourgades lacustres me paraissaient offrir un très vif intérêt.

Mais il fallait d’abord aller voir Foumé a Kenna, la première épouse de Kassonngo, qui, en l’absence de celui-ci, remplissait les fonctions de régente. Il fallait également rendre à Alvez la visite qu’il m’avait faite, et le lendemain, accompagné de Djoumah et de plusieurs de mes hommes, je sortis dans ce double but.

Nous commençâmes par aller à la Moussoumba, où demeurait la régente ; Moussoumba est le nom de la résidence du chef. Une palissade de cinq pieds de hauteur, faite avec soin, doublée d’herbe et n’ayant qu’une porte, enfermait un établissement de six cents yards de long sur deux cents de large.

En entrant, nous vîmes une grande cour, au centre de laquelle, à cent pas de la porte, s’élevait l’habitation de Kassonngo. Un