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coussinet d’herbe qui sert de filtre. On emplit cet entonnoir de terre saline, sur laquelle on verse de l’eau bouillante ; le sel est dissous, et tombe avec l’eau dans un vase de terre ou dans une gourde. L’eau est ensuite évaporée ; et le résidu, un sel impur et boueux contenant beaucoup de salpêtre, est mis en pains coniques d’environ trois livres. Ce produit est avidement recherché par des tribus qui n’ont pas de sel dans leur pays, et on l’exporte à de longues distances.

Une marche d’après-midi, qui par un soleil dévorant nous fit traverser un marais étendu, couvert d’une végétation épaisse, et où l’eau et la fange nous montèrent jusqu’à la ceinture, nous conduisit au bord d’une petite rivière, ombragée par de beaux arbres.

De l’autre côté de l’eau se trouvait l’établissement de Djoumah ; j’envoyai un de mes hommes avec mission d’annoncer notre arrivée, ainsi que le demandait l’étiquette.

Dès que le messager fut de retour, nous traversâmes la rivière. Au moment où je gagnais l’autre rive, ma main fut saisie et chaudement pressée par un homme au port majestueux, qui, avec quelque chose de la franchise du marin, me salua d’un good morning, seul mot anglais de son vocabulaire.

C’était Djoumah Méricani, qui fut pour moi le plus hospitalier et le plus obligeant des nombreux amis que j’ai trouvés parmi les Arabes.

Il me conduisit à une grande maison solidement construite, située au milieu d’un village qu’entouraient de vastes cultures, et fit tout ce qui dépendait de lui pour que je me sentisse chez moi dans cette maison, qui était la sienne.