Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/344

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Puis Mou Nchkoulla refusa de partir sans être accompagné d’une demi-douzaine des gens de son village, qui, à leur tour, réclamèrent le prix de leurs services.

Konngoué, mon troisième guide, nous aurait conduits volontiers sans toutes ces exigences, mais il n’osait pas ; car étant d’un rang inférieur, il aurait été puni s’il avait eu l’audace de prendre le pas sur un notable.

À peine l’arrangement fut-il conclu à la satisfaction de Mou Nchkoulla, que celui-ci retourna au village pour fêter sa promotion par une orgie de bière. Le jour suivant fut également consacré au culte du Bacchus africain ; et, le troisième jour, mon guide me fut ramené dans un tel état, qu’au moment du départ, deux amis furent obligés de le soutenir.

La marche qui, le 21 octobre, nous conduisit à Mounza, nous fit gravir les collines rocheuses de Kilouala, puis traverser des plaines, ici couvertes de grands bois, ailleurs ressemblant à des parcs, arrosés de nombreux cours d’eau.

Il y avait aussi de petites collines de gneiss et de granit, usées par le temps, effritées, fendues par la pluie et le soleil, et qui avaient plutôt l’air d’être des amas de quartiers de roches empilés à dessein, que formées des débris d’une seule et même masse.

Des feux de charbonniers avaient été vus fréquemment sur la route, et dans quelques villages nous avions remarqué des fonderies alimentées par de l’hématite, que les indigènes se procurent en creusant des fosses de vingt ou trente pieds de profondeur.

À Mounza, nous trouvâmes une bande appartenant à Djoumah Méricani, qui avait un établissement dans le principal village de Kassonngo. Cette bande n’avait pas entendu parler de notre approche, et fut très étonnée de nous voir ; elle nous dit qu’il y avait à Kouinhata — village de Kassonngo — un traitant portugais de la côte occidentale.

Cette rencontre fut heureuse, en ce sens que Mou Nchkoulla et ses compagnons avaient pris la fuite. Les gens de Méricani m’assurèrent que je trouverais un guide à l’établissement, un natif de l’Ouroua, qui était avec leur maître depuis l’arrivée de celui-ci dans la province, et qui parlait couramment le kisouahili.

Je passai un jour entier à Mounza pour me procurer des