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Une nouvelle étape en fausse direction nous fit longer le côté nord de la base des montagnes de Nyoka. Toutes les citernes étaient à sec, et il nous fallut marcher, mourant de soif, jusqu’à une heure avancée de l’après-midi. Depuis notre arrivée au Tanganyika, nous étions tellement habitués à voir continuellement des rivières, tout au moins des ruisseaux, que nous n’avions pas eu la précaution d’emporter à boire.

Enfin nous atteignîmes Hanyoka, où il y avait de l’eau, une eau de la couleur et de la consistance d’une purée de bois, et qui, malgré son affreux aspect et son goût plus affreux encore, fut avalée avec bonheur.

J’eus ici l’explication de l’insistance de Mona Kassannga à nous entraîner au levant. Son père avait négligé d’envoyer le tribut à Kassonngo ; selon la coutume de celui-ci, il avait payé cette négligence du sac de son village et de l’extermination de la plupart de ses sujets ; lui et ses fils avaient été mis à mort, ce qui faisait souhaiter à mon guide de ne pas revenir dans le voisinage du désastre.

À Hanyoka, Mona Kassannga refusa d’aller plus loin ; il venait de retrouver sa mère et sa femme, et il s’enfuit avec elles en toute hâte, désireux qu’il était de mettre le plus de distance possible entre lui et Kassonngo.

Mou Nchkoulla devint alors notre premier guide ; mais comme il était l’un des sous-chefs de Moukalommbo, il voulut d’abord visiter celui-ci, qui ne demeurait pas à plus de trois milles.

À notre approche, tous les habitants sortirent de chez eux ; quelques-uns prirent Mou Nchkoulla sur leurs épaules et le promenèrent autour du village, en poussant des hurlements entremêlés d’acclamations. Quand la promenade fut achevée, on nous conduisit au lieu de campement, situé près d’une mare fangeuse, en plein soleil, et sans ombre aucune. Nous fûmes heureux de partir le lendemain pour un endroit plus convenable.

Comme nous allions nous mettre en route, Mou Nchkoulla vint avec le chef du village me demander une augmentation de salaire. Mona Kassannga, disait-il, avait reçu la majeure partie de ce que j’avais donné chez Tipo-Tipo, et maintenant que lui, Mou Nchkoulla, devenait guide principal, il devait avoir la même paye que son prédécesseur.

Il fut ensuite établi que, ce nouvel engagement étant contracté en présence du chef, celui-ci devait recevoir des honoraires.