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de causer, et j’envoyai mes héros, aussi bien que les autres, travailler aux fortifications.

Quatre huttes, placées au centre du village, formaient à peu près un carré ; j’y fis pratiquer des meurtrières et les réunis au moyen d’une palissade construite avec les portes et les pieux des autres cases, que j’avais fait abattre pour empêcher l’ennemi de s’y abriter.

En dedans de la barricade, on creusa une tranchée que l’on recouvrit d’un toit ; et, bien que plusieurs volées de flèches nous eussent dérangés dans nos travaux, le point du jour nous trouva en état de défense.

La situation était grave ; il était certain que nous ne pourrions en sortir qu’en répondant au feu des indigènes. Pendant deux jours, on ne cessa pas de tirer sur nous ; cinq ou six de mes hommes furent blessés en allant puiser de l’eau ; mais quand il y eut de leur côté, non seulement des blessés, mais deux ou trois morts, les naturels commencèrent à craindre les fusils, et n’approchèrent plus de notre blockhauss, que j’avais appelé Fort-Dinah, en mémoire de ma pauvre chèvre.

Je fis alors faire des reconnaissances ; mes éclaireurs trouvèrent des barricades fermant tous les sentiers ; mais pas une n’était défendue, et mes gens les détruisirent sans peine. Le troisième jour, une de mes escouades, étant allée plus loin, prit une femme et deux hommes qu’elle ramena au camp. La femme était parente de Mona Kassannga ; je l’envoyai, ainsi qu’un des autres prisonniers, dire aux naturels que je désirais la paix, non la guerre. Elle revint le lendemain matin avec un chef du voisinage, qui était aussi parent de Mona Kassannga, et la paix fut bientôt conclue.

Nous quittâmes Fort-Dinah le 6 octobre. Dans les villages que la route nous fît traverser, beaucoup de huttes temporaires qui avaient été construites pour les guerriers venus des environs, avec l’espoir de se partager nos dépouilles, étaient encore debout ; mais la population avait repris ses habitudes ; les enfants et les femmes couraient à côté de ma bande en riant et en babillant.

Le soir, je vis arriver au bivouac le chef du district ; il amenait des chèvres et apportait un rouleau d’étoffe du pays, étoffe d’herbe, qu’il me présenta pour m’indemniser de l’attaque que j’avais subie sans motif. J’acceptai une de ses chèvres, en signe