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Quand il venait me voir, Roussoûna apportait son siège, un grand escabeau, joliment sculpté, et mettait ses pieds dans le giron de sa femme : assise par terre, l’épouse lui servait de tabouret.

Pendant son séjour dans notre camp, il reçut la visite de l’un de ses sous-chefs qui arriva suivi de ses porte-boucliers, et d’une femme ayant à la main une lance où pendait une peau de colobe, en guise d’étendard. Les boucliers, ornés de perles et de cauris, étaient eux-mêmes bordés d’une frange de peau de singe noir.

Roussoûna, également en grande pompe, alla recevoir son visiteur à quelque distance du camp ; et tous les deux eurent avec Tipo et les Arabes qui voyageaient avec nous une conférence dans laquelle on se jura de part et d’autre une éternelle amitié. Après cela, il fut loisible à la caravane de continuer sa route vers le camp de Tipo, que nous atteignîmes sans plus d’aventures le 3 septembre.

La résidence privée de Roussoûna — le village que celui-ci habitait seul avec ses femmes — se trouvait sur la route ; elle consistait en deux rangées de huttes carrées et bien bâties : vingt cases sur chaque file ; et, au centre, la maison du maître, plus grande que toutes les autres. Chaque demeure renfermait environ quatre épouses. La mère de Roussoûna avait l’agréable tâche de maintenir la concorde parmi ses cent vingt brus.