Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.

assez forte pour entreprendre cette marche, les avanies des bandes armées qui battaient le pays ayant soulevé toute la population contre les caravanes.

Je demandai aux traitants de Nyanngoué de me louer des hommes pour renforcer mon escorte ; ils me répondirent qu’ils avaient trop peu de fusils pour m’en donner une quantité suffisante, que les hommes qu’ils pourraient me prêter ne seraient pas assez nombreux pour revenir seuls ; et ils racontaient à l’appui de cette assertion que plusieurs bandes considérables et bien armées, étant allées récemment au nord du Loualaba, étaient revenues diminuées de plus de moitié. L’une d’elles, sur trois cents hommes dont elle se composait, en avait perdu plus de deux cents dans l’Oulegga : pays de hautes montagnes où les pentes sont boisées jusqu’au faîte, et les vallées remplies de forêts si épaisses qu’on disait y avoir marché quatre jours de suite sans avoir vu le soleil. Les indigènes de ce pays étaient dépeints comme étant d’humeur belliqueuse et féroce, se servant de flèches empoisonnées dont une simple égratignure donnait la mort en quatre ou cinq minutes, à moins qu’un antidote, connu seulement des naturels, eût été immédiatement employé.

Les gens de la caravane avaient entendu dire aux Voualegga que des hommes vêtus de longues robes blanches, et accompagnés de bêtes qui portaient leurs ballots, venaient de très loin, vers le nord, faire du commerce avec eux. Ces traitants, sans aucun doute, venaient du Soudan égyptien.

Tous les cours d’eau que les caravanes avaient rencontrés se dirigeaient vers le Loualaba, qui, à l’ouest de Nyanngoué, recevraient du nord trois grandes rivières : la Liloua, le Linndi et le Lohoua. Celui-ci, qui, d’après les renseignements que j’ai pu recueillir, serait aussi large que le Loualaba à Nyanngoué et aurait deux tributaires importants, nommés tous les deux Loulou, un venant de l’est, l’autre de l’ouest, me paraît être l’Ouellé de Schweinfurth[1].

  1. Voyez dans Schweinfurth, Au cœur de l’Afrique, Paris, Hachette, 1875, vol. I, p. 496 et suiv., les observations de l’éminent voyageur, et les renseignements qu’il a recueillis sur le cours de l’Ouellé. D’après les informations « données avec une concordance qui ne s’est jamais démentie, cette rivière aurait une direction O. N. 0. » Parmi les informants, plusieurs avaient suivi l’Ouellé pendant des jours et des jours, ils l’avaient vu déboucher dans un lac et donnaient de longs détails sur les riverains