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Après avoir été fondu, le métal est forgé en petites masses du poids de deux livres. La forme du lingot représente deux cônes réunis par la base, et terminés chacun par une baguette de la dimension d’une grosse aiguille à tricoter. C’est ainsi que le fer est mis en vente.

Un léger changement se faisait remarquer dans le costume des indigènes. La plupart des hommes portaient des jupettes. Leur chevelure, également enduite d’argile, n’était pas accommodée avec autant de soin que chez les habitants des premiers bourgs.

Nous avons rencontré un chef élégamment paré d’un jupon, d’un bonnet et d’une écharpe d’étoffe d’herbe de diverses couleurs. Il avait pour escorte des hommes portant des boucliers et des lances ; deux autres fermaient la marche ; l’un de ceux-ci tenait une perche à laquelle était suspendu un énorme tambour ; l’individu qui marchait le dernier frappait avec force sur cet instrument, dès que son maître approchait d’un village.

Les femmes avaient pour ceinture une lanière de cuir, décorée de perles de fer et de cuivre, bandelette qui soutenait un morceau de feutre d’écorce passant entre les jambes, et retombant par devant et par derrière.

Ces dames se rasent le sommet de la tête ; elles n’y laissaient que des lignes de cheveux coupés très courts, et s’entre-croisant comme les baguettes d’un treillage. Par derrière, une touffe de longues mèches frisées leur tombe sur le cou.

Deux jours de marche nous conduisirent du village de Manyara à Kouakasonngo. Dans ce trajet, nous passâmes devant une montagne presque entièrement composée de fer spéculaire noir ; un mont curieux, taillé à pic et surgissant de la plaine même, formait l’un des côtés du massif.

Kouakasonngo est un établissement d’une certaine importance. Trois Arabes de race blanche y demeuraient alors, ainsi que beaucoup de métis et de Vouamrima. Ils y vivaient confortablement dans de bonnes maisons, et envoyaient au loin des caravanes composées d’esclaves et de Vouanyamouési. L’un des Arabes employait six cents de ces derniers, tous munis d’armes à feu.

Ces employés n’ont généralement pas d’autre paye que le butin qu’ils peuvent faire, et ne subsistent que de rapines. Ils chassent l’esclave, donnent à leurs maîtres un certain nombre de captifs et gardent le reste. Par la même occasion, ils achètent des dents