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plus autant à la présence de mon escorte. Mais je leur rappelai tout ce qu’ils avaient à craindre du sultan et du consul ; j’ajoutai qu’au besoin j’emploierais la force ; que je ne pouvais pas les empêcher de faire des captifs quand ils voyageaient seuls ; mais que je ne souffrirais pas que le drapeau anglais, qui avait libéré tant d’esclaves sur la côte, fût déshonoré au centre de l’Afrique par les crimes de mes compagnons.

Bref, les gens furent relâchés, et une réconciliation apparente eut lieu entre Hassani et moi ; mais je résolus de ne plus avoir aucun rapport avec lui dès que nous aurions atteint Nyanngoué.

Le lendemain, nous arrivâmes au village de Manyara situé au milieu de beaucoup d’autres, qui, sans être placés nominalement sous l’autorité dudit Manyara, le reconnaissaient pour chef.

Tous ces villages avaient deux ou trois fonderies, bâtiments rectangulaires de trente pieds d’un côté, sur vingt de l’autre. Les murailles de l’édifice étaient basses, et la toiture extrêmement élevée : au milieu, se trouvait une fosse de vingt pieds de long, de six de large et de quatre de profondeur, un peu moins creuse à l’un des bouts.

En travers de cette auge, à six pieds environ de l’extrémité la moins profonde, s’élevait un fourneau d’argile de quatre pieds de diamètre. La plus petite des deux divisions de la fosse était employée comme trou de chauffe, tandis que le métal et les scories s’épanchaient de l’autre côté. Des casiers formés autour de l’auge étaient remplis de charbon et de minerai.

Une douzaine de soufflets doubles fonctionnent parfois dans chacune de ces fonderies. Ces soufflets consistent en deux cylindres en bois peu élevés, placés à côté l’un de l’autre, et percés chacun d’un trou, dans lequel est inséré un tuyau protégé contre le feu par une couche d’argile. Ces cylindres sont couverts d’étoffe d’herbe ; au centre de la couverture est fixé un bâton d’environ trois pieds. Le souffleur, ayant devant lui les deux bâtons, en prend un de chaque main, et les fait jouer verticalement, l’un après l’autre, aussi vite que possible. On obtient ainsi un courant continu et d’une assez grande force.

Les enclumes, placées sous de petits hangars, qui servent de forge, sont en pierre, ainsi que les grands marteaux. Ceux-ci sont entourés d’une corde formant de chaque côté une anse solide qui fait l’office de poignée. Les petits marteaux sont en fer et n’ont pas de manche : on les tient à pleine main.