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CHAPITRE XIX


La Louama. — Pêcheuses. — Hippopotames. — Greniers en plein vent. — Fer. — Pays en feu. — Honteuse conduite des traitants. — Pont suspendu. — Hostilités des indigènes. — Crainte d’une attaque. — Assassinat de deux chefs. — Villages incendiés. — Femmes et enfants capturés. — Influence d’un Anglais. — Palabres. — Libération des captifs. — Fonderies. — Forges. — Costume. — Un tambour major. — Esclavage. — Le Loualaba. — Arrivée à Nyanngoué.


La Louama est un tributaire important du Loualaba ; elle naît dans les montagnes de l’Ougoma, à peu de distance des sources du Lougoumba et de celles du Louboumba[1]. C’est une rivière très sinueuse, qui, à l’époque où nous l’avons vue, au milieu de la saison sèche, aurait été parfaitement navigable pour de grandes chaloupes à vapeur. Elle a beaucoup d’affluents, et reçoit l’égouttage de nombreuses lagunes, eaux vives et eaux mortes où les femmes du pays prennent de grandes quantités de poisson.

Pour cela, chacune des rivulettes, chacun des marigots est traversé par une digue en clayonnage, allant d’une rive à l’autre, et dans laquelle on a ménagé des ouvertures coniques, analogues à celles de certaines souricières. Lorsque les eaux commencent à baisser, le poisson cherche à fuir à travers le barrage, pour gagner l’eau permanente ; c’est alors que les femmes vont à la pêche. Elles ôtent leurs tabliers brodés, les remplacent par des feuilles, prennent d’énormes corbeilles de sept pieds de long sur deux de large, au centre, et de deux et demi de profondeur, qu’elles vont mettre sous les ouvertures des digues. Pendant que quelques pêcheuses débouchent ces ouvertures, qui

  1. Après un détour considérable, le Louboumba rejoint la Louama à une trentaine de milles en amont de l’endroit où nous avons passé.