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villages. C’était le commencement d’un second Ouvinnza, qu’il ne faut pas confondre avec celui qui est à l’est du Tanganyika.

Près de quelques-uns des villages que renfermait la vallée, se voyaient de grandes idoles d’argile, les unes assises, les autres debout ou couchées ; toutes ces idoles étaient placées sous de petits hangars et entourées de pots de bière et d’épis mûrs.

Les gens de cet Ouvinnza, plus que tous les indigènes que nous avions rencontrés jusqu’alors, montrent de véritables dispositions artistiques ; un grand nombre de leurs cannes, entre autres choses, sont des échantillons très estimables de l’art du sculpteur.

Quelques individus des deux sexes portaient, dans la cloison du nez, des fragments de roseau, ou des bagues en perles ; leurs cheveux étaient soigneusement disposés en rouleau ou en cônes, terminés par des nattes.

Le camp fut dressé au bord du Louloumbidjé, qui, après s’être ouvert un lit dans la rampe que nous venions de franchir, s’unit au Louhouika ; la rivière qui résulte de cette jonction garde les noms des deux branches dont elle est formée et s’appelle indifféremment Louhouika ou Louloumbidjé jusqu’à son embouchure dans le Loukouga. Cette information coïncide exactement avec ce qui m’a été dit à l’entrée du Loukouga d’une rivière tombant dans celui-ci, à un mois de marche des bords du lac.

Le Louloumbidjé fut passé le lendemain : et après une marche fatigante en pays montueux, marche dans laquelle nous traversâmes plusieurs affluents de ladite rivière, nous atteignîmes Kolomammba que ses habitants se disposaient à déserter, par suite de la défaite qu’ils avaient subie dans l’un des combats que se livrent perpétuellement toutes ces communes.

Du faîte de la rangée de hautes collines, où était situé le village, on aperçoit les élaïs qui entourent Rohommbo, première bourgade du Manyéma. À cette vue, le kiranngosi de la caravane arabe improvisa un discours où il fut dit que le Manyéma était un pays dangereux, dont les habitants étaient plus perfides, plus cruels que tous ceux des contrées précédentes ; qu’il fallait