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Des membres de l’escorte augmentaient mes embarras par leur indiscipline, qui trouvait un appui dans la tolérance, je pourrais dire dans la complicité de leurs chefs ; car au lieu de me venir en aide, Bombay et Bilâl étaient toujours prêts à aggraver les difficultés, dans le vain espoir de me contraindre à rebrousser chemin.

Saïd Mézroui, notre guide, allait devenir frère de Pakouanaïhoua ; je me rendis au village pour être témoin de la curieuse cérémonie. Je trouvai Pakoua assis en plein air et surveillant la peinture du front de sa femme, ce qui semblait être pour lui une affaire sérieuse. L’artiste, muni des couleurs voulues, préparées à l’huile, chacune sur une feuille séparée, étendit ses différentes teintes avec un couteau sur le front de la dame, forma soigneusement son dessin, puis enleva les bavochures, de manière à ne laisser que des lignes très nettes.

L’opération terminée, le chef m’invita à venir chez lui. Sa case avait environ vingt pieds de côté sur chaque face. Les murs en étaient ornés de carrés blancs, jaunes, rouges, bordés de raies blanches et de raies noires. De ces carrés, les uns étaient unis, les autres semés à profusion de points blancs formés avec le bout du doigt.

Intérieurement, les parois étaient lambrissées d’un enduit très lisse, jusqu’à une hauteur de quatre pieds. De chaque côté de la pièce se trouvait une banquette en pisé, de trois pieds de large, tapissée de nattes, et faisant l’office de divan. Dans l’un des coins, était une grosse pile de ces blocs de bois dont on fait des écuelles ; dans l’autre, un foyer qui servait le soir et les jours de pluie.

Comme dans toutes les cases des indigènes, la fumée n’ayant pas d’autre issue que la porte, l’intérieur de la toiture, où séchaient des bois d’arc et des hampes de lance, était revêtu d’une couche de suie d’un noir brillant. La porte servait également de fenêtre. Un lit d’argile battue, parfaitement uni, formait le parquet.

Tout d’abord je ne distinguai rien de ce qu’il y avait autour de moi ; puis mes yeux s’habituèrent à l’obscurité de la pièce, et je vis une grande quantité de gourdes, de vases et de marmites suspendus aux solives. L’ordre qui régnait partout prouvait que la maîtresse de la maison était une parfaite ménagère.

Vint enfin la cérémonie. Après un certain nombre de discours, Saïd et Pakouanaïhoua échangèrent des cadeaux, au grand béné-