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mit un emplâtre composé de boue et de fiente, et lui demanda pour honoraires quarante fils de perles.

Le pauvre garçon étant dans l’impossibilité de faire aucun service, et quelques autres souffrant encore des suites de leurs excès, je cherchai des Vouagouhha qui pussent les remplacer. Quelques-uns vinrent s’offrir et me manquèrent de parole. Je fis dès lors à mes gens une nouvelle distribution de perles, leur en avançant pour sept semaines ; je donnai les fardeaux les plus légers aux malades, et partis le 5 juin, me dirigeant vers Mékéto.

Un violent accès de fièvre, que j’avais pris en restant exposé au soleil à notre départ de Rouannda, ajouta singulièrement à la fatigue et aux ennuis que me donnèrent toutes ces difficultés.

Pendant les deux marches qui nous séparaient de Météko, il y eut, comme dans la précédente, à gravir de nombreuses collines, à passer de nombreux cours d’eau, affluents du Lougoumba et du Loukouga. La vallée de celui-ci inclinait visiblement à l’ouest-sud-ouest. C’est du haut des collines, qui furent gravies dans la seconde de ces marches, que j’ai aperçu pour la dernière fois le Tanganyika : une nappe bleue, d’un ton brillant, dominée à l’horizon par le sombre massif des montagnes voisines du cap Koungoué.

Beaucoup de pistes de grands animaux furent rencontrées dans ces deux étapes. Aux endroits où avaient passé des troupes d’éléphants, la scène de destruction était surprenante.

Le soir de la première marche, un parti de Vouaroua peu nombreux, mais déshonnête, qui portait de l’huile au Tanganyika pour être échangé contre du sel, bivouaqua auprès de nous ; et le lendemain matin, excepté Dinah et une autre que l’on m’avait donnée dans l’Oudjidji, toutes mes chèvres avaient disparu ; les Vouaroua également n’étaient plus là.

Mékéto, où nous arrivâmes dans le courant du jour, est bâti dans une large et profonde vallée que draine le Kaça, tributaire du Loukonga. Vue de la montagne qui la borde du côté de l’est et par laquelle nous arrivions, cette vallée offrait un tableau à peu près complet de beauté rurale. Des champs nombreux de sorgho et de manioc contrastaient par leur verdure avec le jaune des herbes déjà brulées par le soleil. De petits hameaux étaient composés de huttes aux toits de chaume, groupées à l’ombre de