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pour avoir trop bu de pommbé. Je n’ai jamais compris comment on pouvait boire d’un pareil breuvage jusqu’à s’enivrer.

Parmi les nouvelles que j’appris tout d’abord fut celle de la proximité de quelques-uns de mes hommes que j’avais envoyés dans l’Ounyanyemmbé. Mes gens accompagnaient une caravane arabe, qui était alors dans l’Ouvinnza. Attaqués par les brigands de Mirammbo ou craignant de l’être, ils avaient fait le tour par l’Oukahouenndi, au lieu de suivre la route directe.

Pendant mon absence, le nombre de mes ânes s’était encore réduit. Il ne m’en restait plus que quatre, et malheureusement mon âne de selle était parmi les défunts.

À peine arrivé, j’eus de longs entretiens avec ceux des Arabes qui connaissaient la route que je voulais prendre, — Mohammed Ibn Sélib, Mohammed et Hassan Ibn Ghérib, Saïd Mézroui, Abdallah Ibn Habib. Suivant eux, le Loualaba et le Congo étaient bien la même rivière. Sur quoi basaient-ils leur opinion ? Je n’ai jamais pu le savoir.

Un voyageur m’a dit avoir fait, droit au nord, cinquante-cinq marches qui l’avaient conduit où l’eau était salée ; qu’à cette place il y avait des vaisseaux venant de la mer, et des hommes blancs qui habitaient de grandes maisons et faisaient un commerce considérable d’huile de palme.

Cinquante-cinq marches font cinq cents milles ; en y ajoutant les trois cents milles qui se déroulent du Tanganyika à Nyanngoué, on trouve à peu près la distance qui sépare l’Oudjidji des chutes d’Yellala.

Excepté la direction de la route, évidemment fausse, le récit du voyageur se rapporterait au Congo et aux traitants de la côte occidentale.

Abdallah Ibn Habib et Saïd Mézroui, d’autre part, avaient entendu dire que, à l’endroit désigné, les cauris étaient au nombre des objets de troc.

J’essayai d’obtenir de ces Arabes la carte des routes qu’ils avaient suivies ; mais au bout de deux minutes le nord, le sud, le levant, le couchant, ainsi que les distances, étaient irrémédiablement confondus. Saïd et Ibn Habib avouaient d’ailleurs qu’ils désiraient ne pas me donner d’informations à cet égard ; ils prétendaient que toutes celles que j’avais reçues étaient fausses, et promettaient de me renseigner exactement quand nous serions en route ; jusque-là ils ne voulaient rien dire, ayant peur que