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le premier bâton venu je frappai à droite et à gauche sur mes hommes, qui furent bientôt sur pied. Bombay ne me servit pas plus qu’une bûche, infiniment moins que le morceau de bois persuasif dont j’étais armé.

Une fois partis, mes hommes furent beaucoup plus gais qu’à l’ordinaire ; ce qui me fit supposer que d’être battus leur était agréable, bien qu’il u en eût parmi eux dont la peau avait quelques déchirures.

J’eus un peu plus tard l’explication de leur refus du matin : ils avaient entendu dire qu’il y avait une caravane derrière le cap Temmboué, à peu de distance du camp, et ils éprouvaient le besoin d’échanger des visites avec les gens qui composaient cette bande.

La côte que nous suivions était basse et mes relèvements n’eurent pas grande valeur ; mais mon espoir fut vivement surexcité par la promesse que me firent les guides de me montrer le jour suivant l’émissaire du lac. Speke n’est pas allé assez loin pour le découvrir ; et Livingstone, qui a passé devant l’ouverture sans la voir, en venant de chez Casemmbé, a pris un peu trop au nord, lorsqu’il s’est rendu dans le Manyéma.

Pas un des Arabes que j’avais vus à Kahouélé ne semblait avoir connaissance de cet affluent, qui paraît sortir du lac entre les deux routes que prennent les caravanes, et se trouve ainsi en dehors des lignes que suivent les traitants.

Après avoir passé la pointe Kalomoui, nous croisâmes l’embouchure du Kavagoué, rivière qui a deux cents yards de large, deux brasses de profondeur au milieu du courant, et dont la marche est insensible près des bords.

Le 1er mai se leva dans toute sa gloire ; le ciel était radieux, le pays d’une grande beauté ; sur la côte, se voyaient de petites falaises entremêlées d’espaces ouverts, que des bouquets de beaux arbres faisaient ressembler à des parcs.

En doublant le cap Nionngo, je fis baisser la voile et me rendis à terre pour examiner une source chaude dont on m’avait parlé. Après une demi-heure de marche à travers un fourré de grandes herbes, marche très pénible, j’arrivai au bord du lac, où se produisaient quelques bouillonnements. Le thermomètre indiqua pour la source la même température que celle de l’air prise à l’ombre (35o centigrades), d’où je conclus à l’inexactitude du rapport qui m’avait été fait. Mais plus tard, des gens qui l’avaient