Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce jour-là, beaucoup de ruisseaux et de torrents furent croisés. Les montagnes avaient des lignes d’une grande hardiesse, mais n’étaient pas très hautes : de quatre à six cents pieds au-dessus du lac. Pas de villages en vue ; toute la population vivait dans les terres, au delà des monts. Néanmoins, à deux ou trois places, nous aperçûmes des canots sur la plage ; les propriétaires ne devaient pas être bien loin.

Le 24 avril, une belle brise nous favorisa de nouveau ; mais l’équipage débarqua et pilla une cabane de pêcheurs ; j’eus beaucoup de peine à faire rendre les objets volés, ce qui nous fit perdre un temps assez long. Bombay fut du nombre de ceux qui mangèrent le poisson qu’on avait pris.

Nous passâmes le cap Rounanngoua, puis la rivière du même nom : toujours un affluent.

Côte rocheuse ; montagnes d’un millier de pieds et plus, couvertes d’arbres jusqu’au sommet ; roches de granit et de grès tendre, de couleur claire.

Je vis là des sokos (des gorilles), noirs compères qui semblaient plus grands que des hommes. Avant que j’eusse pu les tirer, le bateau avait tourné une pointe qui les masquait. D’après les indigènes, les sokos se bâtiraient tous les jours une nouvelle maison.

Pendant trois heures nous cherchâmes un endroit où nous pussions camper, ne trouvant que des rochers et pas de grève où l’on pût échouer les bateaux.

Le lendemain nous étions à Katoupi, village où la frasilah d’ivoire (trente-cinq livres) se vendait vingt brasses de cotonnade ; et les bons esclaves dix brasses seulement. Un Mgouana, qui faisait là du commerce, me dit que, de Tchakouola, les traitants gagnaient l’Ounyanyemmbé en vingt jours.

À partir de cet endroit, nous vîmes beaucoup de petits villages et de terrains cultivés au flanc de montagnes abruptes, dont le sol, presque abandonné à sa pente naturelle, était soutenu par des murs en pierre sèche. Les indigènes qui travaillaient là produisaient l’effet de mouches sur une muraille.

Cinq grands canots de l’Oudjidji étaient, disait-on, devant nous ; malgré cela, les habitants semblèrent moins effrayés de notre venue que ceux des bourgades précédentes. Une grande pirogue se détacha du rivage et approcha de notre barque de manière à permettre aux gens qui l’encombraient de nous re-