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dans le lac, au fond de cette entrée, par une embouchure très herbue.

Les endroits où l’herbe est trop épaisse pour que les canots puissent la traverser, mais où elle n’est pas assez serrée pour porter le poids d’un homme, s’appellent tinnghi-tinnghi. On leur donne le nom de sinndi quand le radeau herbeux peut servir de chaussée. Le Kirammboué est qualifié de Tinnghi-Tinnghi avec. un peu de sinndi.

Remis en marche, nous arrivâmes bientôt à Kassanngalohoua, où, pour la première fois, nous retrouvâmes l’élaïs (mitchikitchi des indigènes) depuis notre départ de Kahouélé.

Le village, dont tous les habitants avaient fui dans la montagne, était occupé par les Vouatouta. Ceux-ci avaient tous des arcs et des flèches, une petite hache, de courtes lances soit pour jeter, soit pour combattre de près ; ils y ajoutaient un casse-tête, que portaient même les enfants, et un bouclier de cuir, bouclier ovale de quatre pieds de long sur deux pieds et demi de large. Ces Vouatouta sortirent en grand nombre — très noirs et complètement nus — pour s’informer de ce qui arrivait ; malgré leur réputation de bandits, ils nous firent très bon accueil.

Ainsi que les Vouagogo, ils s’agrandissent le lobe des oreilles en y insérant des morceaux de bois ou des éclats de gourde, quelquefois ornés de perles.

Leurs femmes ont un petit tablier de peau, et se mettent par derrière un autre pan disposé d’une façon plus fantaisiste que décente ; car tandis que cette demi-jupe cache la moitié de la cuisse, elle laisse entièrement à découvert la partie du corps qui est au-dessus. Le haut de ce tablier postérieur est coupé de telle sorte qu’il s’arrondit et forme revers, afin de dégager complètement ce qu’il semblerait urgent de voiler. Parfois même ce retroussis est orné de perles : d’où il faut conclure que c’est la mode d’exhiber cette partie de soi-même ; peut-être l’intention de ces dames est-elle de prouver qu’elles n’ont pas de queue.

Celles qui peuvent se donner ce luxe portent un large bandeau de perles de deux couleurs autour de la tête et ont une ceinture des mêmes grains de verre. Quelquefois les cheveux sont rasés au-dessous du bandeau, conservés au-dessus et taillés en brosse d’une certaine hauteur, ce qui produit l’effet d’une toque de fourrure.

L’habitude de s’enlever l’angle interne des deux incisives mé-