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l’endroit où la charge était sortie. Le terrain, à la pointe de Kammbemmba, est formé de grandes masses de granit et de grès durcis, encastrées principalement dans un grès rouge très tendre ; celui-ci, facilement désagrégé, est entraîné par les eaux et abandonne à eux-mêmes les rocs de nature plus résistante, qui alors sont détachés.

Le Tanganyika paraît avoir plus que son compte d’esprits infernaux ; Kamassannga, où nous passâmes le lendemain, est encore une retraite de démon. Comme toujours en pareil cas, mes Vouadjidji présentèrent leurs respects au malin, en s’écriant :

« Ô diable ! donne-nous un beau lac, peu de vent, peu de pluie, laisse passer nos canots, fais qu’ils passent vite et sans danger. »


Poissons du Tanganyika.

Beaucoup d’îlots mouvants étaient apportés par les rivières, îlots qui ressemblaient plus à ceux du Mississipi qu’aux amas de végétation habituels. Un de ces radeaux herbeux, d’une largeur d’un quart de mille, portait de petits arbres.

Des traces de cultures récentes, des marques d’emplacements de huttes se voyaient à l’endroit où nous étions campés. Qu’étaient devenus les cultivateurs de ces champs, les habitants de ces cases ? « Tués, esclaves ou fugitifs, » me répondirent tous ceux que j’interrogeai à leur égard.