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La conduite de la caravane échut alors à Oswell Livingstone, l’un des fils du grand voyageur ; Oswell, peu de temps après, renonça à l’idée d’aller rejoindre son père[1]. C’est ainsi qu’une expédition organisée avec le plus grand soin, munie de tout ce qui pouvait assurer le succès, fut abandonnée.

Désappointé, mais gardant l’espoir d’obtenir la direction d’une entreprise du même ordre, qui me permettrait d’exécuter le projet que j’avais tant à cœur, j’étudiai le kisouahili, langue de la côte répandue jusqu’au centre même du continent[2]. Un séjour de huit mois dans la mer Rouge, pendant la guerre d’Abyssinie, et près de trois ans passés à la rive orientale d’Afrique, dans une barque non pontée, m’avaient appris ce qu’est la fatigue sous le climat tropical. Zanzibar m’avait familiarisé avec la fièvre ; et ce fut en pleine connaissance de cause qu’en juin 1872, après la rupture de l’expédition précédente, j’offris de nouveau d’aller porter à Livingstone les objets qui pouvaient lui manquer — instruments, denrées, articles d’échange — et de me mettre entièrement à sa disposition. Mais il n’était pas question alors d’envoyer à la rencontre de l’illustre voyageur.

Je proposai de me rendre au Victoria Nyannza par le Kilima Ndjaro, le Kénia et le volcan situé, disait-on, au nord de ces montagnes ; cela m’aurait fait toucher la ligne de faîte qui partage les eaux entre les rivières de la côte et les affluents du Victoria. Après avoir exploré celui-ci, je me serais rendu au lac Albert, puis à Nyanngoué, en traversant l’Oulegga, et j’aurais descendu le Congo jusqu’à son embouchure.

La dernière partie de cette route est suivie actuellement, aux frais du New-York Herald et du Daily Telegraph, par M. Stanley, un des voyageurs africains les plus énergiques et les plus heureux.

M. Clements Markham, dont la bienveillance m’a été si précieuse, et qui m’a aidé sur tant de points relatifs à mon voyage, soutint ma proposition ; mais, bien qu’il l’approuvât, le conseil

  1. M. Oswell Livingstone commençait alors une maladie grave ; s’il renonça à aller rejoindre son père, ce fut d’après l’avis formel du docteur Kirk, et sur les instances réitérées de celui-ci, qui ne le croyait pas en état d’accomplir ce voyage. (Note du traducteur.)
  2. Langue du Sahouahil ; nous ferons remarquer la contraction qui est toute récente ; Stanley (1871), dit encore partout : Kisahouahili, Msahouahili, Vouasahouahili ; Cameron ne le met nulle part ; il écrit toujours : Kisouahili, Msouahili, Vouasouahili. (Note du traducteur.)