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cependant n’avoir eu pour mobile que la philanthropie : le récit de l’expédition de Burton et de Speke chez les Somalis avait éveillé en moi la soif des découvertes ; et lorsque j’appris que des marchands de Zanzibar avaient gagné la côte occidentale, je sentis que ce qui avait été fait par des Arabes était possible à un officier de la marine anglaise.

Après le désarmement du Star, je fus envoyé à Sheerness pour faire partie de la Steam Reserve. Obtenir un emploi plus actif ne m’ayant pas été possible, j’offris mes services à la Société royale de géographie pour aller à la recherche de Livingstone : on supposait alors que l’entreprise de M. Slanley avait échoué.

Des souscriptions furent ouvertes pour cette recherche ; mais je n’eus pas la bonne fortune d’être choisi par la Société royale. Le commandement fut donné au lieutenant L. S. Dawson, officier de marine, que ses qualités physiques[1] et l’étendue de ses connaissances rendaient éminemment capable d’accomplir la tâche qui lui était dévolue.

Malheureusement, arrivée à Bagamoyo, l’expédition fut arrêtée par les nouvelles que Stanley rapportait de l’intérieur : Livingstone avait été secouru et protestait contre l’envoi de toute caravane composée d’esclaves. Une fausse interprétation des dépêches du Docteur fit penser au lieutenant Dawson que l’expédition n’avait plus d’objet, et il résigna son commandement[2].

En même temps que lui se retira M. New, l’un de ses collègues ; et les services d’un homme connaissant bien les indigènes, habitué à voyager en Afrique, parlant couramment le kisouahili, manquèrent à l’entreprise[3].

Le lieutenant Henn, de la marine royale, remplaça le lieutenant Dawson. Il était fermement résolu à continuer le voyage ; mais il fut détourné de cette poursuite ; et, à son tour, bien contre son gré, il donna sa démission.

  1. « Un beau jeune homme, d’une taille splendide, souple et vigoureux, la figure vive, l’air intelligent, » dit Stanley, en parlant de M. Dawson. (Voyez Comment j’ai retrouvé Livingstone, Paris, librairie Hachette, p. 534. (Note du traducteur.)
  2. Voyez dans Stanley, Comment j’ai retrouvé Livingstone, p. 530 et suivantes, les détails de cette démission et de l’avortement de l’entreprise. (Note du traducteur.)
  3. Ce fut avec beaucoup de regrets qu’à mon arrivée à Loanda j’appris la mort de M. New. C’était un honnête homme, un esprit droit, un cœur généreux et brave ; il avait pris à tâche d’améliorer la condition des Africains, et a sacrifié à cette œuvre une existence précieuse.