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deux rapports, ils égalent les gens des basses classes de la côte, Ils sont du reste bons forgerons, bons porteurs, pêcheurs habiles, excellents canotiers.

Leur vêtement se compose, en général, d’une simple draperie de feutre d’écorce, qui, d’un côté, passe sous l’aisselle, de l’autre va se nouer sur l’épaule. Cette draperie laisse une moitié du corps tout à fait nue, et flotte au vent de manière à ne pas toujours répondre aux exigences de la pudeur la moins farouche.

Les Vouadjidji ont pour ornement particulier un croissant d’ivoire d’hippopotame, merveilleusement poli, et de la dimension d’une faucille, croissant qui leur entoure le cou. Ils sont en outre parés d’une profusion de sammbos, de clochettes et de bracelets de fil de fer et de cuivre. Les hommes portent généralement une lance.

Rien de plus varié que leur coiffure. Ils se coupent les cheveux de manière à former des spirales, des zigzags, des touffes, des crêtes, des rubans sur un crâne soigneusement rasé d’ailleurs ; ils se font des couronnes en se dénudant le sommet de la tête, et réalisent toutes les bizarreries que leur imagination peut concevoir.

Le grand chef ou Mtémé de l’Oudjidji habite un village situé dans la montagne, à quelque distance du lac ; mais il y a dans chaque commune un moutoualé, souvent héréditaire, qui, assisté d’un conseil de trois ou quatre anciens, nommés vouakéto, rend la justice, règle les différends et perçoit le tribut, qu’il remet au mtémé, après en avoir réduit une certaine portion pour lui et pour son conseil.

Ces chefs ont le même costume que le plus pauvre de leurs villageois ; seulement, au lieu d’être en feutre d’écorce, en tissu du pays ou en peau de chèvre, leur manteau est fait d’étoffe dite de couleur, apportée par les caravanes. À cette distinction, ils ajoutent, comme insigne de leur dignité, de lourds bracelets armés d’une pointe.

Lors de mon arrivée, la colonie se composait de Mohammed Ibn Sélib, vieux métis arabe de noble prestance qui, depuis trente-cinq ans, n’avait pas mis le pied à l’est de l’Oudjidji.

En 1842, il était allé chez Casemmbé où il avait été détenu plus de vingt ans, et avait passé la plus grande partie de sa détention avec la chaîne ou la fourche au cou. Maintenant il ne quitte plus Kahouélé.