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CHAPITRE XIII


Îles flottantes. — Leur origine et leur développement. — Traversée du Sinndi. — L’Ouvinnza. — Réception cordiale. — Économie bizarre. — Un jeune chef. — Visiteurs. — Saluts cérémonieux. — Tatouage. — Ougaga. — Approche de Mirammbo. — Sur la défensive. — Destruction de plusieurs villages. — Traversée du Malagaradzi. — Cuisine de Sammbo. — Fabrication et commerce de sel. — Tabac liquide. — Mort de Léo. — Bête féroce dans le camp. — Vue du Tanganyika. — Arrivée à Kahouélé.


Le Sinndi fut traversé, le 2 février, sur une nappe de cette végétation flottante qui est l’une des particularités de l’Afrique tropicale. Beaucoup de rivières, dans cette région, présentent des îlots mouvants, qui les couvrent sur une largeur plus ou moins grande et forment une chaussée naturelle, dont se servent les hommes et les bêtes pour aller d’un bord à l’autre.

Ces îlots, de stabilité et d’épaisseur variables, doivent leur origine aux débris que charrie la rivière, et qui, arrêtés par les grandes herbes surgies du fond, se décomposent et forment une première couche d’humus. Ce premier sol ne tarde pas à se couvrir de plantes qui entrelacent leurs racines : d’où il résulte une masse compacte. L’amas continue à s’accroître pendant six années ; puis l’îlot commence à dépérir et disparaît au bout de quatre ans.

Celui sur lequel nous franchîmes le Sinndi ne laissait de chaque côté, entre lui et la rive, qu’un chenal de deux pieds ; il avait cent yards de large (quatre-vingt-onze mètres) et couvrait la rivière en aval, sur une étendue de trois quarts de mille.

Marcher sur ces îles flottantes vous fait éprouver la même sensation que lorsqu’on traverse une fondrière couverte d’herbe et de roseaux.

En introduisant une perche dans ce lacis végétal mêlé d’humus, on lui reconnaît une épaisseur d’environ trois pieds ; sous