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gazonnée, entourée d’arbres gigantesques dont les branches, jusqu’aux plus hautes, étaient festonnées d’énormes lianes.

Fatigués par les deux longues marches précédentes, mes gens avaient besoin de repos ; je leur accordai un jour de halte, avec la permission de chasser. Le gibier était fort abondant, mais si farouche, effrayé qu’il était par mes hommes, ainsi que par des bandes de Vouagara alors en chasse, que je ne tuai qu’un sanglier ; et celui-ci étant un animal impur, aucun de mes chasseurs ne voulut le rapporter au camp.

Dans ma promenade, je vis les restes d’un lion, d’un buffle et d’un crocodile étroitement unis ; j’appris à leur sujet une curieuse histoire. Tandis que le buffle s’abreuvait, un lion s’élança sur lui, et tous les deux tombant dans l’eau, furent saisis par un crocodile. À son tour, celui-ci fut tiré du canal par les deux lutteurs, et traîné à vingt pas de la rive, où le trio périt dans un enlacement inextricable.

Je vis également, dans cette course, une grue dont le plumage était d’un gris bleuâtre et qui paraissait être l’une des reines de la gent ailée, car elle était beaucoup plus grande que pas un des oiseaux que je connaisse, à l’exception de l’autruche.