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tres, la laine est divisée en tresses nombreuses, et les nattes, appliquées sur la tête, représentent les billons d’un champ ; ou bien la masse est répartie en grosses touffes, que l’on bourre avec des fibres d’écorce. Ces dernières coiffures exigent plusieurs journées de travail ; mais l’œuvre d’art, une fois achevée, demeure intacte pendant six mois et plus.

Mrima Ngommbé, alors en tournée royale, passa à Hissinéné et vint me faire une visite. Il était paré d’un burnous écarlate, brodé d’or, s’ouvrant sur un gilet crasseux, et formant avec. celui-ci un contraste d’autant plus frappant que ledit gilet complétait le costume.

Mrima fut très mécontent du chef d’Hissinéné, qui n’avait pas eu pour moi des attentions suffisantes ; et il le gronda très fort de ne pas m’avoir approvisionné de bière.

Enfin, le 18 décembre, arriva Asmani, apportant la bonne nouvelle que l’affaire était arrangée, et que je pouvais traverser l’Ougara sans avoir rien à craindre. Toutefois les ambassadeurs de Taka retenus par les plaisirs de l’Ounyanyemmbé, n’étant pas partis avec mes gens, on me conseillait de faire un détour, afin d’éviter leur village, parce qu’autrement on pourrait croire que nous les avions tués.

Avec Asmani arrivaient des soldats d’Ibn Sélim. Celui-ci me renvoyait quelques-uns de mes déserteurs et me faisait dire de prendre garde à Mirammbo, auquel on avait indiqué la route que je devais suivre. L’homme qui avait donné le renseignement — un des Vouatosi établis comme pasteurs dans l’Ounyanyemmbé — avait été découvert ; et les gens de Sélim ne doutaient pas du plaisir qu’ils me feraient en m’apprenant que cet homme avait été fusillé : c’était un acte de courtoisie à mon égard, mais dont j’aurais volontiers dispensé l’auteur.

Rien n’avait été fait contre Mirammbo ; aucun plan n’avait été suivi, les intéressés n’ayant pas pu s’entendre sur le choix du commandant, l’officier qui avait amené les renforts de la côte aurait voulu prendre le commandement en chef, commandement civil et militaire ; mais Saïd Ibn Sélim et Abdallah Ibn Nassib, depuis plus longtemps que lui au service du sultan, n’avaient pas voulu le permettre. Les nouvelles troupes s’étaient mises du côté de leur chef ; tandis que les autres, qui avaient été sous les ordres d’Ibn Sélim et d’Abdallah, ne voulaient pas reconnaître l’arrivant.