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(douze hectolitres). De petits linndos servent souvent de caisses de voyage.

C’est par la porte, qui en est la seule ouverture, que le jour pénètre dans les cases et que la fumée trouve une issue. Il résulte de cette absence de cheminée que tout l’intérieur est d’un noir brillant et que les toiles d’araignée qui festonnent la muraille et les chevrons sont chargées de suie. Des arcs, des lances, des cannes, des massues, des flèches sont placées dans la charpente pour y être séchées par la fumée.

Comme on peut s’y attendre, ces demeures sont infestées par la vermine, notamment par un énorme tiquet, dont les Arabes croient la morsure venimeuse.

Une bouillie de sorgho très épaisse, qu’on appelle ougali, forme, ainsi que dans toute l’Afrique, la base de l’alimentation des indigènes. Pour faire ce potage, la farine est mise dans l’eau bouillante, tournée rapidement et ajoutée peu à peu jusqu’à former une pâte massive. Quand le degré de cuisson nécessaire est obtenu, on renverse la marmite, qu’on enlève, et on laisse égoutter la pâte.

Les gens du pays ont si rarement de la viande, que quand ils parviennent à s’en procurer, ils la mangent avec une voracité excessive. Toutefois, lorsque le gibier est abondant, ils font preuve d’une certaine prévoyance, en conservant un peu de venaison par le boucanage.

La plupart des Vouanyamouési ont pour vêtement de la cotonnade étrangère — celle qu’apportent les caravanes ; mais les pauvres sont vêtus d’étoffe indigène, faite avec le liber d’une espèce de figuier. Pendant la saison pluvieuse, l’arbre est dépouillé de son écorce extérieure, et enveloppé de feuilles de bananier, jusqu’à ce que le liber s’amollisse suffisamment pour être employé à la fabrication de l’étoffe. Quand elle est amollie, on enlève cette écorce intérieure et on la met dans l’eau, où elle subit une sorte de rouissage ; elle est ensuite posée sur une planche, et doucement battue avec des maillets, faits en général d’une corne de rhinocéros, cannelée sur la face battante. À chaque coup de maillet, l’écorce s’élargit ; et après le battage, elle ressemble un peu à du velours de coton à côte, velours qui serait feutré.

Aussitôt après la récolte, le sorgho est mis sur une aire d’argile, et battu avec de grands bâtons courbes. Quelquefois ces