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L’un de mes hommes vint, en courant, me dire qu’il y avait un gros serpent dans une case. Naturellement je pris mon fusil avec l’intention de tirer la bête ; mais les indigènes ne voulurent pas permettre que le reptile — un boa de dix pieds de long — fût blessé. Ils se contentèrent de le pousser doucement hors du village avec de longues baguettes. Je demandai la raison de ce traitement si doux ; il me fut répondu que c’était un pépo, c’est-à-dire un esprit, et que si on l’irritait, il arriverait malheur au village.

Ma longue détention eut du moins un bon côté : elle me permit d’observer les coutumes des indigènes. Sitôt qu’il faisait jour, les villageois sortaient de leurs cases, allaient s’asseoir autour de grands feux et fumaient leur pipe. La dernière bouffée évanouie, tous, à l’exception des vieilles femmes, des petits enfants, du chef et de deux ou trois anciens, allaient travailler à la terre. Ceux dont les champs étaient voisins revenaient à midi manger chez eux, tandis que les autres faisaient leur bouillie et l’avalaient sur place.


Tambours.

Ils rentraient tous au coucher du soleil, prenaient le repas du soir ; puis ils dansaient, fumaient et chantaient.

Quand le grain est abondant, l’orgie de bière s’ajoute à la danse. Dans tous les cas, on apporte les tambours que l’on bat vigoureusement avec les mains ; et les hommes tournent, tournent pendant des heures, en poussant des hurlements, entre-mêlés de grands cris.