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plus grandes et mieux construites que les autres ; une sorte de couchette, espèce de lit de camp, y tient une place considérable. Dès qu’un garçon atteint sa huitième année, même la septième, il échappe à l’autorité maternelle et va au club ; il y reste une grande partie du jour, y prend généralement ses repas, et souvent y passe la nuit. Le club des femmes n’est pas ouvert aux étrangers ; mais, dans celui des hommes, tout voyageur de distinction est fort bien reçu.

Le lendemain j’allai voir Murphy, qui était campé dans les environs, et le trouvai beaucoup mieux que je ne l’avais vu depuis son arrivée à Bagamoyo. Il fut pour moi d’une bonté parfaite, me donna son waterproof et sa couverture de caoutchouc, qui, plus tard, me rendirent les plus grands services.

D’après l’avis d’Issa, les gens de Livingstone avaient mis la précieuse dépouille dans un étui d’écorce, et avaient enveloppé l’étui de façon à lui donner l’aspect d’un ballot de cotonnade, afin de le soustraire aux yeux perçants des Vouagogo. Si ces derniers avaient pu soupçonner la nature du contenu de cette enveloppe d’apparence ordinaire, ils n’auraient jamais permis à la caravane de traverser leur territoire avec son précieux fardeau[1].

J’avais envoyé notre guide à la recherche de pagazis ; le bruit courut qu’il avait été attaqué par des rougas-rougas, dépouillé de ses vêtements, et laissé nu dans la jungle, ce qui l’empêchait de revenir. Je fis porter à ce malheureux un morceau d’étoffe par quelques-uns de mes hommes, qui, au lieu d’Asmani, ramenèrent un déserteur, précisément l’individu qui avait volé Murphy ; lui-même en fit l’aveu. Il avait été poussé à commettre ce vol par un métis arabe fixé dans le village. Ce métis avait jeté une drogue aux chiens de Murphy pour les empêcher d’aboyer, quand le voleur s’introduirait dans la tente où était la cotonnade, et avait reçu en payement de cette drogue magique la plus grosse part de l’étoffe. On a vu que, en essayant de gagner Taborah, le pauvre instrument du vol avait été dépouillé, non seulement de sa part de prise, mais de ses habits.

Une enquête minutieuse m’ayant fait considérer l’homme qui avait eu l’idée et le bénéfice de l’affaire comme le vrai coupable,

  1. Voyez dans le Dernier journal de Livingstone, vol. II, p. 402, le récit détaillé de cet épisode. (Note du traducteur.)