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La corvée du lendemain fut plus rude que nous ne l’avions imaginé. Si nous avions su ce qu’elle devait être, nous nous serions moins pressés de l’entreprendre ; mais en tout pays il faut se conformer à l’usage.

Après nous avoir fait somptueusement déjeuner, Ibn Sélim nous conduisit en grande pompe chez les notables, qui attendaient notre visite. Selon la coutume, il fallut boire et manger dans toutes les maisons ; et bien que nous nous soyons efforcés de reconnaître les attentions dont nous étions l’objet, la capacité de nos estomacs ayant des bornes, je crains que nous n’ayons pas fait à l’hospitalité de nos hôtes tout l’honneur voulu.

Ces Arabes mènent dans l’Ounyanyemmbé une vie très confortable. Ils y possèdent de grandes maisons bien bâties, des jardins et des champs où ils récoltent du blé, des oignons, des concombres et autres légumes, des fruits de différentes sortes qu’ils ont apportés de la côte ; et, par les caravanes qui les mettent constamment en relation avec Zanzibar, ils se procurent du thé, du café, des épices, des conserves, de la bougie, du savon et autres objets de luxe.

Mais, à l’époque de notre visite, leur existence était gravement troublée par Mirammbo, avec qui ils guerroyaient depuis longtemps, sans que rien annonçât que les hostilités fussent près de finir.

Je n’ai pas pu savoir la véritable cause de cette guerre pendant que j’étais dans l’Ounyanyemmbé ; plus tard j’ai eu à ce sujet quelques détails. IL paraîtrait que, dans l’origine, Mirammbo était le chef d’un petit district de l’Ounyamouési ; que pendant longtemps il avait témoigné aux Arabes une grande amitié, et avait eu d’excellentes relations avec beaucoup d’entre eux. Plusieurs traitants avaient des maisons tout près de son village, et il avait souvent donné à la fois cinquante têtes de gros bétail à ceux qui lui inspiraient de l’estime.

Un filou profita de ces bonnes dispositions pour obtenir à crédit une quantité considérable d’ivoire ; puis, le jour de l’échéance, il railla Mirammbo d’avoir été si confiant. Mirambo s’adressa, aux Arabes de l’Ounyanyemmbé, les priant de le soutenir dans sa réclamation ; on ne répondit pas à sa demande ; il résolut dès lors de régler l’affaire à sa guise.

Peu de temps après, il vit arriver à sa frontière une caravane dont le chef était l’associé de l’individu qui l’avait trompé ; il