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Vers dix heures, nous rencontrâmes un charmant zihoua, où nous fîmes halte pour déjeuner. Les papillons, qui dans une contrée aride, ainsi que je l’ai toujours observé, indiquent le voisinage de l’eau, étaient en fort grand nombre autour de ce joli étang ; je comptai parmi eux dix espèces différentes.

À deux heures la route fut reprise ; et continuant à cheminer en pays rocailleux, nous atteignîmes le Maboungourou vers la fin du jour. Même alors, en temps de sécheresse, c’était presque une rivière : de longues sections d’un ou deux milles étaient remplies d’eau, et seulement séparées les unes des autres par des bancs de sable ou des barres rocheuses de cinquante à cent yards. Ces canaux avaient une largeur de quatre-vingt-dix pieds, et la trace des crues s’étendait à deux cents pas de chaque côté de leurs bords.

Néanmoins, je ne crois pas que le Maboungourou, même à l’époque des pluies, soit un cours d’eau permanent : traversant un pays de roche qui n’absorbe qu’une faible quantité d’eau, il ne doit avoir que des flux torrentiels, rapidement écoulés. C’est l’affluent le plus occidental du Rouaha ou Roufidji supérieur[1].

Nous échangeâmes sur la route quelques paroles avec une caravane descendante, et j’acquis la certitude que Livingstone n’était pas revenu à Kouihara. L’individu qui nous avait donné la nouvelle de son retour avait été mal informé.

Des pistes nombreuses de grands animaux furent rencontrées dans cette marche, ainsi que les os de bêtes sauvages, notamment le crâne d’un rhinocéros de grande taille, animal qu’on voit fréquemment dans cette région.

La marche du jour suivant — également double étape — eut lieu dans un pays très cultivé et dont la population, au dire des indigènes, avait été beaucoup plus dense. On rapportait qu’une bande de brigands de l’Ounyamouési avait saccagé ce district, il y avait de cela deux ou trois ans, et avait détruit un grand nombre de bourgades.

Nos gens semblaient heureux d’approcher du terme de la première partie du voyage ; pendant toute la marche du soir, les Kiranngosis chantèrent une espèce de récitatif, dont le refrain était repris en chœur par toute la caravane et de manière à produire un effet agréable.

  1. Il serait plus juste de dire l’une des têtes du Rouaha. (Note du traducteur.)