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Leur régime se compose entièrement de laitage et de viande : lait mélangé avec du sang, viande qu’ils dévorent à peu près crue.

Les seules armes qu’ils emploient sont des lances à la fois courtes et massives, impropres au jet, et des épées à deux tranchants pareilles au glaive des légions romaines. Ils ont avec cela un énorme bouclier, le même que celui des Vouadirigo.

Ainsi que le fait pressentir la nature de leurs armes, les Vouahoumba sont plus braves que leurs voisins, et se font très redouter comme voleurs de bétail. Ils ne reconnaissent qu’à eux seuls, et aux autres membres de la famille des Masaïs, le droit de posséder des bêtes bovines ; d’où il résulte que, pour eux, la prise de toutes celles qu’ils rencontrent est légitime.

Deux milles seulement séparent le territoire de Khoko de celui du Mdabourou, district ainsi nommé d’un large et profond noullah, où, même par les temps les plus secs, on trouve de grandes auges remplies d’eau. À l’époque des pluies, c’est une rivière impétueuse qui se précipite vers le Loufidji, dont elle est un des principaux tributaires.

Un indigène, qui me parut plus intelligent que les autres, m’a dit avoir descendu le Mdabourou jusqu’à sa jonction avec le Rouaha, comme on appelle le Loufidji dans sa partie supérieure. Il ajouta que le Rouaha n’était lui-même qu’une simple chaîne d’étangs pendant la saison sèche ; mais que dans la saison pluvieuse il devenait une grande rivière. Les questions que je posai à cet homme au sujet de ces cours d’eau, et la netteté de ses réponses, me donnent tout lieu de croire à sa véracité.

Sur la route que nous suivions, les champs étaient séparés les uns des autres, ainsi que du sentier, par de grossières palissades ; la culture paraissait faite avec beaucoup plus de soin que dans les autres provinces.

Pendant cette marche, un de nos porteurs déserta avec sa charge : affaire pour nous très sérieuse, car le haut prix des denrées et le payement du tribut faisait fondre rapidement notre étoffe.

Les temps étaient bien changés depuis le passage de Burton. À cette époque, on avait dans l’Ougogo soixante-quatre rations