DU DEPARTEM. DE L’OISE. 97 Il existe une tradition suivant laquelle ce fut le grand Condé lui-même qui planta ces arbres magnifiques qui ornoient la tête du canal: il pouvoit dire ce que le jeune Cyrus disoit à Xénophon en lui montrant les jardins de son palais de Sardes : Ho: ego arbosres coluz`. C’est encore à ce prince que Chantilly doit le chateau, les bois de Silvie, et ce labyrinthe célébré par Santeuil. Ce fut en l’année 1679 que le grand Condé prit le parti de se fixer par une retraite volontaire dans ce beau lieu , ou il passa les dernieres années de sa vie: il y rassembloit souvent les gens de lettres les plus célebres. On y voyoit encore, en [793 , un tableau contenant les portraits des grands personnages qui composoient cette société si distinguée: la fameuse princesse palatine Anne de Gonzague; cette femme forte , dit Turpin dans sa vie du grand Condé , cette intelligence sublime , qui avoit acquis par la supé- riorité de sa raison le droit de commander a tous les esprits , sous le nom de laquelle nous avons des mémoires réimprimés en 1789, y tenoit le premier rang; on y voyoit Bossuet, Cor- neille, Boileau , Racine, La Fontaine, Santeuil, etc. L’etiquettc étoit bannie de ces assemblées, où l’ainitié, 1’estime et l’égalité régnoient seules. C’est la que Louis de Bourbon, deuxieme du nom, prince de Condé, a terminé, en 1686, à l’àge de soixante—cinq ans, sa glorieuse carriere. « C’est ainsi( a dit Bossuet dans l’oraison funebre de ce princel « qu’il parut a Chantilly comme a la tête de ses troupes; qu’il « embellit cette délicieuse et magnifique maison, ou bien qu’il « munit un camp au milieu de pays ennemis , et qu’il fortifia « une place; qu’il marcba avec une armée au milieu des périls, « et qu’il conduisit ses amis dans ces superbes allées, au bruit « de tant de jets d’eau qui ne se taisoient ni jour ni nuit: « c’étoit toujours le même homme, et la gloire le suivoit par- « tout. » Le prince Henri-Jules , fils unique du grand Condé, s’occupa 9- 7
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