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— Très bonne. Ce sont les femmes qui la travaillent. Eux, ils sont en mer. Depuis l’âge de neuf ans, ils ne quittent guère la mer. Ils ont de l’audace, plus que les terriens.

— Vous naviguiez, vous aussi, je parie ?

— Tant que je pouvais : deux mois, trois mois avec eux.

— Écrivez cela.

— J’y ai pensé.

— Êtes-vous parti comme sous-lieutenant ?

— Non : soldat.

— Et combien êtes-vous d’officiers, sortis de Groix ?

— Seul.

— Vous avez publié des poésies, déjà ?

— Oui, dans les revues du pays.

— Mais vous en avez de nouvelles ?

— J’en avais une trentaine, que je ne voulais pas garder dans la tranchée, vous comprenez. Je les ai confiées à un camarade, qui a été envoyé dans le pays de Galles. Je lui ai écrit : je n’ai pas reçu de réponse.

— J’espère que…

— Mais oui, il reviendra bien, un jour ou l’autre.

— Vous publierez alors le volume. Je vous promets qu’il en sera parlé. Où le publierez-vous ?

— Chez un imprimeur du pays. Ce n’est guère que des prières. Je lui donnerai pour titre : « À genoux. » Il sera publié en français aussi.

Nous causâmes encore un peu. J’avais cette impression, le regardant et l’écoutant, que cet homme était un marin, un poète d’une sensibilité extraordinaire, déjà riche de souvenirs très rares, un soldat, et un futur prêtre. Il me promit de revenir.

Un de ses amis, M. Yves Le Diberder, a écrit, dans