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et d’aller s’établir en face, – le plus loin possible, en face. Fasse Dieu que ce soit bientôt !

Au revoir, Lucien. Faites un bon soldat, bien discipliné, même quand vous ne comprendrez pas. Et s’il arrivait que je ne vous écrive plus jamais, souvenez-vous de moi, parfois, parce que jusqu’au dernier moment j’aurai été

Votre tout ami.
J. CALLOC’H
À M. Achille Colin.
Le 12 Octobre 1915
Cher Monsieur,

Je vous disais dernièrement que les hommes de chez nous, depuis la guerre, avaient repris conscience de leur nationalité, de leur race, et qu’ils sont fiers désormais d’être des Bretons. Comment cela s’est-il passé ? C’est très simple.

L’officier a besoin de ses hommes, en campagne, et de leur moral. Pour maintenir ce moral à la hauteur nécessaire, il faut qu’il leur parle. Et que leur dire ? Les exploits, la valeur de leurs ancêtres ; les exploits, la valeur de leurs frères des autres régiments bretons ; leurs exploits à eux aussi, au cours de cette guerre. Cela donne aux hommes l’orgueil d’appartenir à une nation brave entre toutes, (c’est l’important pour après la guerre) et la volonté d’en rester dignes (c’est ce que cherche l’officier). Pour peu que les militants du nationalisme breton qui survivront à la tuerie sachent exploiter ces sentiments en faveur de la Bretagne, ils iront vite.

Comment s’y prendre ? Je vous ai parlé d’un « plan d’action » après la guerre. C’est un bien grand mot. Les circonstances avant tout, décideront de la conduite à tenir. Néanmoins j’ai dit ceci à Mocaër :