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Serai bien heureux de vous voir avant de partir. Si les jours que je vous indique ne vous arrangent pas, indiquez d’autres.

À bientôt.

D’oh a galon é Doué ha Breiz[1]

J. CALLOC’H.
À M. René Le Roux.
Aux Armées, le 30 Août 1915.
Cher ami,

J’ai eu un bon début. Aussitôt arrivé on m’a affecte à une compagnie qui se trouvait en première ligne et je suis allé la rejoindre à travers les boyaux. Rassurez-vous : ils sont profonds, je puis m’y promener debout sans être vu[2].

Les tranchées sont bien installées. J’avais pour moi tout seul un petit gourbi où j’étais heureux comme un roi. Un lit de camp, une planche pour table, et une vraie chaise. Quand il pleut on est à l’abri. C’est rustique et charmant.

Je n’y ai passé que quarante-huit heures. C’était le tour de mon régiment de venir au repos pour dix jours, après trois semaines de tranchées. De sorte que je vous écris de… ma chambre, une chambre que j’ai louée dans le village où nous cantonnons, et je suis là comme à la maison, avec tout le nécessaire. Ici ce n’est déjà plus la guerre. Cependant on entend toujours le canon.

Je suis avec des Bretons de Cornouailles, de bons gars. Quelques mauvaises têtes, dont l’un, engagé volontaire de la classe 1874, a fini par se faire citer à l’ordre après avoir frisé le conseil de guerre.

  1. À vous de cœur en Dieu et en la Bretagne.
  2. Jean-Pierre Calloc’h avait 1 m. 88.