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LE SECRET À HAUTE VOIX.

flora, bas, à Libia.

Sa mélancolie la porte d’un extrême à l’autre.

libia, bas, à Flora.

Jamais je ne lui ai vu pareille humeur.

laura, à part.

Malheureusement pour moi, j’en pénètre la cause, que tout le monde ignore.

frédéric, à la Duchesse.

Je baise mille fois humblement la terre sur laquelle vous marchez, et où le contact de vos pieds charmants fait naître en un instant plus de fleurs que n’en produit tout le mois d’avril.

fabio.

Pour moi, madame, je n’oserais baiser la terre sur laquelle vous marchez, car ce n’est point la terre, c’est le ciel. Je me contenterai de baiser celle sur laquelle vous devez marcher. De quel côté comptez-vous diriger vos pas ? j’irai devant vous baiser le chemin.


Entre LISARDO.
lisardo.

Madame, un brillant cavalier qui se dit parent du duc de Mantoue demande la permission de vous remettre de sa part une lettre.

la duchesse.

Oh ! que le duc de Mantoue me fatigue avec ses messages !

arnesto.

Et pourquoi, madame, puisque le duc est, par son rang, le seul parti que vous puissiez accepter ?

la duchesse.

Par la raison justement que je ne veux pas me marier. — Dites-lui de venir, Lisardo.

frédéric, à part.

Je ne le trahirai pas… Il est essentiel que je conserve son amitié.


Entre HENRI.
henri, à la Duchesse.

C’est en tremblant, madame, que je me jette à vos pieds, où mon infortune aime à trouver un refuge.

la duchesse.

Levez-vous.

henri.

Le duc mon seigneur m’envoie vers vous avec cette lettre.

la duchesse.

Comment va Son Altesse ?

henri.

Je vous répondrais, madame, qu’il est mort d’amour, si l’espérance ne soutenait sa vie.