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JOURNÉE II, SCÈNE II.

ce que mon industrie m’a fait perdre. — Mais je vois revenir Isabelle.


Entrent ISABELLE et CASILDA.
isabelle.

Casilda, puisque le soleil s’est déjà caché dans le sein de l’océan espagnol, ferme la porte. Ensuite tu chanteras avec Inès, et cela me distraira de mes peines. Je voudrais quelque chose d’un peu mélancolique. (On frappe.) Dis-moi, Casilda, n’as-tu pas entendu frapper ? Qui donc peut venir à cette heure ?

pedro, à part.

Je parie que c’est notre galant qui m’appelle. (Haut.) Je vais répondre.

isabelle.

Va ; mais n’ouvre pas sans savoir qui c’est.

pedro.

Je m’en garderais bien ! (À part.) D’autant mieux que je le sais déjà.

isabelle.

Je suis toute émue. Quelle est la peine secrète qui me tourmente ainsi ? Quelle est cette illusion menaçante qui vient changer nos chagrins en terreur ?


Entre PEDRO.
pedro.

Madame !

isabelle.

Qu’est-ce donc ?

pedro.

J’ai entr’ouvert la porte, et aussitôt un homme est entré enveloppé de son manteau jusqu’aux yeux. (À part.) Maintenant me voilà justifié !


Entre LOUIS PEREZ.
isabelle.

Qui donc ose entrer ainsi dans cette maison ?

louis.

Moi.

pedro, à part.

Que vois-je ?

louis.

C’est moi qui viens savoir de vos nouvelles.

isabelle.

Dieu me soit en aide !

louis.

Et de quoi donc êtes-vous tous surpris ?

pedro, à part.

Je n’en puis plus de peur. Cachons-nous dans un coin.