Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome III.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.
276
LE PRINCE CONSTANT.

dement, qu’on dirait qu’ils ont des ailes. Ce n’est pas l’air qui les soutient, et la terre semble à peine les porter ; de telle sorte que ni la terre ni les airs ne savent s’ils courent ou s’ils volent.

don fernand.

Préparons-nous à les recevoir. Que d’abord les arquebusiers fassent front pour les arrêter, et qu’ensuite les cavaliers se rangent en bataille, avec le harnais et la lance. Allons, Henri, voilà une occasion qui nous promet un heureux début… Courage !

don henri.

Je suis votre frère, et ne saurais m’effrayer des accidents que le temps amène avec soi. L’aspect même de la mort ne pourrait me causer aucune épouvante.

Ils sortent.
brito.

Quant à moi, mon poste est toujours à l’ambulance, ne serait-ce que pour veiller à ma santé[1]. — Oh ! la belle escarmouche ! comme ils se battent !… Jamais on n’a vu un plus joli tournoi !… Mais je suis trop près pour en bien juger, et la sagesse veut que j’aille me mettre à l’abri.

Il sort.

Scène III.

Une autre partie de la campagne, près de Tanger.
Entrent DON JUAN, DON HENRI et des Soldats portugais poursuivant les Mores.
don henri.

Courez-leur sus !… Déjà les Mores vaincus prennent la fuite.

don juan.

La campagne demeure couverte d’hommes, de chevaux, de dépouilles de toute sorte.

don henri.

Je ne vois plus don Fernand ; où sera-t-il ?

don juan.

Il s’est lancé à leur poursuite avec tant d’ardeur, que nous l’avons perdu de vue.

don henri.

Allons le chercher, Coutiño.

don juan.

Je ne vous quitte pas.

Ils sortent.


Entrent, un moment après, DON FERNAND et MULEY. Don Fernand a son épée, à la main, et Muley n’a plus d’arme que son bouclier.
don fernand.

Dans cette campagne déserte, devenue le tombeau de tant de

  1. El quartel de la salud
    Me tuca a me guardar siempre.