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LES TROIS CHÂTIMENTS EN UN SEUL.

vicente, à Urrèa.

Permettez-vous maintenant à un ermite du diable, qui a vécu entre deux rochers, faisant à son service la plus rigoureuse pénitence, — de s’approcher et de baiser votre main ?

urrèa.

La bonne pièce ! eh quoi ! toi aussi, te voilà de retour ?

vicente.

Puisque je suis le coussinet de cette valise, la selle de ce coussinet, et la bête qui porte cette selle, force m’était bien, seigneur, de venir en même temps.

urrèa.

Puisqu’il vient en si bonne compagnie, je crains bien pour son amendement !

vicente.

Ma foi ! vous n’avez pas tort ; car, par le Christ ! la compagnie n’est pas trop bonne.

urrèa.

Ne jurez donc pas ainsi.

vicente.

Ce sont de petits ressouvenirs de mon ancienne vie. (À doña Blanca.) Vous, madame, accordez-moi la grâce de baiser, non pas votre main, mais seulement le sol trop heureux que vous foulez sous vos pieds.

doña blanca.

Levez-vous, mon ami ; il est juste que je vous remercie de la fidélité avec laquelle vous servez don Lope, ne l’ayant jamais abandonné dans aucun péril.

vicente.

Je suis un valet à tout jamais attaché à mon maître[1].

béatrix.

Puisque mon maître est arrivé, ne vous offensez pas, seigneur et madame, si je l’embrasse devant vous.

don lope.

Le ciel te garde, Béatrix !

urrèa.

Tout le monde se réjouit de te revoir, don Lope ; mais moi, plus que personne. — Et comme nous sommes obligés d’aller voir don Mendo et de lui exprimer notre reconnaissance pour le zèle et la bonté avec laquelle il a sollicité ta grâce ; pendant que Béatrix va s’informer chez lui s’il peut nous recevoir, j’espère que tu ne t’éloigneras pas.

vicente, bas, à don Lope.

Allons, nous voilà menacés d’un sermon !

  1. ....Soy
    Criado adquirido ad perpetuam
    Rei memoriam.

    Il est impossible de rendre en français ces plaisanteries mêlées d’espagnol et de latin.