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JOURNÉE I, SCÈNE III.

don mendo.

Vous aurez de moi toute satisfaction.

urrèa.

Voici un mémoire que le roi, sans doute, vous aura fait remettre avant votre arrivée

don mendo.

Je suis votre ami dévoué, et croyez bien que je ne vous manquerai en aucune circonstance.

urrèa.

J’ai un fils qui malheureusement…

don mendo.

N’achevez pas, je suis instruit de tout ; et le chagrin où je vous vois me prouve que j’ai été mal informé ; car l’on m’avait dit que vous portiez peu d’affection à votre fils.

urrèa.

Je n’ignore point, seigneur, que beaucoup m’accusent de cruauté envers lui ; mais je fais plus encore pour lui qu’il ne mérite. Sachez donc que ses déportements m’ont nui dans l’estime publique, que ses folies ont détruit ma fortune, que ses fautes ont compromis mon honneur.

don mendo.

Allons, ne vous affligez pas ; et puisque je me trouve en position de faire pour lui ce que vous demandez, soyez assuré que désormais son sort va changer : car je puis aujourd’hui lui donner la vie que je lui dois… Je vous conterai cela avec détail. Rendons-nous à votre maison, et là tout s’arrangera pour le mieux… Je suis d’autant plus pressé de sortir, que pour arriver plus tôt j’ai laissé derrière moi, en chemin, ma fille doña Violante, et l’aimant tout à la fois comme un père et comme un amant, je suis impatient de savoir si elle est arrivée.

urrèa.

Je me réjouis de la voir venir en un lieu où elle trouvera les soins de doña Blanca, mon épouse chérie, et en qui elle aura une esclave toujours prête à lui obéir.

don mendo.

Je serai moi-même heureux de connaître et de servir doña Blanca comme ma dame (À part.) Ô ciel ! il le faut… Je ne puis m’en dispenser… C’est en ce jour que je vais voir doña Blanca.

Lope et don Mendo sortent.

Scène III.

Une chambre dans la maison de Lope de Urrèa.
Entrent, d’un côté, DOÑA VIOLANTE, en habits de voyage, et de l’autre, DOÑA BLANCA.
doña blanca.

Combien je me félicite de posséder dans ma maison une si belle