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L’ESPRIT FOLLET.

angela.

Quel bonheur que tu sois arrivée si à propos ! Ô amour ! je suis sauvée !


Elles sortent, et l’on voit rentrer DON MANUEL et COSME.
don manuel.

Voilà les portes fermées. À présent, madame, achevez. Mais qu’est ceci ? Où est-elle ?

cosme.

Que sais-je ?

don manuel.

Peut-être se sera-t-elle cachée dans l’alcôve ?… Marche devant moi.

cosme.

Non, mon seigneur. Allant à pied, ce serait grossier à moi de passer devant.

don manuel.

Visitons tout l’appartement. Donne-moi ce flambeau.

cosme.

Le voilà.

Ils sortent et rentrent aussitôt.
don manuel.

Quel sort cruel que le mien !

cosme.

Eh bien ! vous voyez, il n’est pas sorti par la porte.

don manuel.

Et par où serait-on sorti ?

cosme.

Je n’en sais rien. — Mais vous voyez, je l’ai toujours dit, c’est un diable, et non une femme…

don manuel.

Vive Dieu ! je vais visiter tout l’appartement. Il faut que je voie si derrière ces tableaux la muraille ne serait point percée ; s’il n’y a point de trappe sous ces tapis ; s’il n’y a point quelque trou dissimulé au plafond.

cosme.

Je ne vois ici que cette armoire.

don manuel.

Oh ! ce meuble ne peut pas être suspect. Il est rempli de verres… Viens voir le reste.

cosme.

Je ne suis pas curieux.

don manuel.

Je ne puis pas admettre qu’elle ait une forme fantastique, aérienne, puisqu’elle avait peur de mon épée.

cosme.

Comment a-t-il pu deviner que nous reviendrions cette nuit ?