C’est moi, seigneur, qui suis à vous pour la vie, et qui viens me mettre à vos ordres. Et afin que l’instrument qui a fait votre blessure ne demeure plus sous mes yeux, qui ne peuvent plus le voir sans regret, je le bannis de ma présence comme un serviteur dont je serais mécontent. Voici, seigneur, l’épée qui vous a frappé. Elle vient, si elle est coupable, vous demander humblement pardon. Vengez-vous sur elle en la brisant.
Vous êtes noble autant que brave, et mon vainqueur en toute chose. Mais je ne briserai point une épée si précieuse. Loin de là, je l’accepte avec reconnaissance. Désormais elle sera toujours à mon côté, m’enseignera la vaillance et fera ma sécurité. Car que pourrait craindre un cavalier qui pour se défendre a vos armes ?
Puisque don Louis m’a appris les devoirs de l’hospitalité, il faut de mon côté que je vous fasse un présent.
Vous me comblez tous deux, et je ne pourrai jamais reconnaître tant de faveurs.
Que cinq cent, mille démons changés en autant de dragons viennent me saisir avec leurs griffes, et m’emportent d’un vol jusqu’au ciel… si je n’aimerais pas mieux vivre tranquille, riche et content en Galice ou dans les Asturies, plutôt qu’à la cour !
Tais-toi, sot.
Je puis bien parler après un tel malheur[1].
Quel malheur ?
Il n’y a qu’un traître qui donne passage à l’ennemi.
Que veux-tu dire avec tes ennemis ?
C’est l’eau des fontaines.
Voilà ce qui te met de mauvaise humeur ?
- ↑ Il y a ici un jeu de mots intraduisible :
Reporta. — El reportorio se reporte.