Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome III.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
JOURNÉE III, SCÈNE IV.

frédéric.

Ma vie et mon âme vous appartiennent, et je vous obéis. Mais demeurez-vous fâchée ?

la duchesse.

Oui, contre mon étoile, mais contre vous, non. Adieu.

frédéric.

Adieu.

Il sort.
la duchesse.

Eh bien, Laura ?

laura.

Madame ?

la duchesse.

Ne me dites rien, puisque je ne vous demande rien. (À part.) Je meurs de jalousie.

laura.

Remarquez, madame…

la duchesse.

Rentrez ; vous ne pouvez passer ici toute la nuit.

la duchesse, à part.

Le monde apprendra que je suis celle que je suis[1]. (Haut.) Marchons, Laura.

laura, à part.

Ah ! malheureuse ! j’ai perdu tout espoir.

On ouvre la porte, et entrent ARNESTO, FABIO et les Gardes.
la duchesse.

Mais qui vient d’ouvrir la poterne du jardin ?

laura.

Autant que je puis en juger, — à ces premières lueurs du jour, — c’est mon père.

la duchesse.

Oui, c’est lui-même. Attendez-moi là. — Je veux savoir dans quel but il ouvre à cette heure la porte du jardin.

laura, à part.

Ciel, protège-moi ! Que je ne perde pas à la fois l’honneur et la vie.

arnesto.

Allons, Fabio, dis-moi sans détour à quel propos tu te tenais à l’entrée du parc avec ces chevaux ?

fabio.

Songez, seigneur, que jamais de la vie je n’ai rien fait à propos de quoi que ce soit, car je ne me mêle jamais dans les propos.

arnesto.

Pourquoi étais-tu là ?

  1. Mostraré al mundo que soy
    Quien soy.