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JOURNÉE III, SCÈNE II.

fabio.

… De décamper[1].

la duchesse.

Comment ?

fabio.

En s’en allant. Mais pas à pied. Au contraire, j’ai ordre de tenir prêts deux chevaux du côté du pont.

la duchesse.

À l’extrémité du parc ?

fabio.

Oui, madame.

la duchesse.

Je reviens à ma pensée, que c’est une dame de ma cour. Il ne te l’a pas dit ?

fabio.

Non, madame ; mais notre hôte, qui est le duc de Mantoue, leur donne asile dans ses États. Et maintenant, advienne que pourra, j’ai dit, je suis content.

Il sort.
la duchesse.

Que le ciel me protège ! Qu’ai-je entendu ? Quelle affreuse position !


Entre ARNESTO.
arnesto.

Je viens d’inviter de votre part, pour demain, tout ce que la noblesse a de plus distingué en cavaliers et en dames.

la duchesse.

Il suffit, et soyez le bienvenu, Arnesto ; car j’ai besoin de vous cette nuit.

arnesto.

Je me tiens à votre disposition. Qu’ordonnez-vous ?

la duchesse.

Frédéric vient d’avoir à l’instant une querelle fort vive.

arnesto.

Avec qui ?

la duchesse.

Je l’ignore. On m’a dit seulement que c’était une rivalité d’amour, et l’on a ajouté que son adversaire vient de l’appeler par une lettre en un lieu où il l’attend. Vous savez quelle estime j’ai pour lui ?

arnesto.

Oui, madame, et je sais aussi combien il la mérite.

  1. Irse por novillos.

    L’expression irse por novillos signifie s’en aller pour acheter des bouvillons, ou décamper. Mais nous devons ajouter que le mot novillo signifie en même temps un bouvillon, un George Dandin.