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JOURNÉE III, SCÈNE II.

rien. Il faut aussi que je retrouve ce coquin de Fabio, que je n’ai pas vu de la journée.

fabio, à part.

Ce n’est pas ma faute, je ne suis pas si loin !

frédéric.

Du reste, il ne doit rien savoir.

fabio, à part.

Non, certes.

frédéric.

Mais il faut qu’il prépare les chevaux.

henri.

Vous avez raison, et moi, pendant ce temps, je verrai ce qu’ordonne de moi un destin rigoureux.

frédéric.

Je reviens vous chercher.

henri.

En vous attendant, je vais écrire dans la pièce voisine.

frédéric, à part.

Amour, protège un infortuné !

henri, à part.

Amour, aie pitié de ma plainte !

Frédéric et Henri sortent.
fabio, sortant de sa cachette.

Qui écoute, son mal entend, dit le proverbe ; mais bien souvent le proverbe ment, car j’ai écouté, et j’ai entendu mon bien. En effet, j’en ai retiré quatre avantages qui comptent. Le premier, c’est que je sais qui est notre hôte. Le second, c’est que j’ai appris où en est l’amour de mon maître. Le troisième, c’est que je pourrai conter le tout à la duchesse ; et le quatrième, c’est que par là j’aurai d’elle quelque bonne étrenne.

Il sort.

Scène IV.

Une salle du palais.
Entrent ARNESTO et LAURA.
arnesto.

Non, ma chère Laura, la faute de Lisardo n’est pas si grave, que tu ne doives l’oublier, lorsqu’il t’en demande pardon. Les emportements qu’inspire l’amour n’ont jamais été considérés comme une offense. Je te prie donc de lui parler avec plus de douceur, d’autant que nous allons recevoir d’un moment à l’autre la dispense demandée.

laura.

Je vous obéirai, mon père. J’aime mieux vous obéir que de vous irriter. Aussi, je m’engage à accepter, sans murmure, la position